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Je suis un Salaud

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Avant même de me juger et me coller toutes les apostrophes injurieuses qui vous passeront par la tête, prenez le temps de me féliciter et d’admettre ma franchise. Oui ! Dans une société où le paraître tue l’être, où l’apparence trompeuse et les faux-semblants font ostensiblement la loi, où des gens à l’étoffe de loup se parent d’une peau de mouton, j’ose être moi-même. Je ne suis pas remué par les soucis de satisfaire sans cesse les exigences de la fausseté. Dieu merci ! Je ne m’affuble pas de parures externes qui trompent l’œil des gens, je répète, j’ose être moi-même, cru, vrai. On a toujours tendance à voiler ce qu’on est, peut-être pour se mentir ou faire plaisir à la société, alors que cette dernière finira par nous traiter de menteur, d’hypocrite, de faux… lorsqu’elle sera rassasiée de ce qu’elle voulait voir ou avoir. Mais bon !

Je disais alors, je suis un salaud et je l’assume. Encore aux sempiternels moralistes : oui, j’ai été informé que le Karma existe, on a même discuté, lui et moi. Vous voyez ? Alors ne vous inquiétez pas pour moi. 

A chaque fois que vous lirez ceci, des larmes creuseront des joues, inonderont des oreillers à cause de moi. Je n’ai pas de pitié, je suis égoïste et suffisant. Je me souviens que j’avais dit à Christine : « Ne t’attache pas. Ça te fera souffrir. Je ne suis pas venu faire vieux os dans ta vie, je te briserai le cœur et tu me détesteras. » avec une main sous son cou, mais elle ne m’avait pas cru. Ces paroles semblaient plutôt l’exciter même si de mon côté, ce n’était pas l’effet escompté. Elle avait souri bêtement et gémi plus fort. En fait, personne ne me croit tout à fait quand je lui balance au visage ces genres de choses, et pourtant je ne les dis pas en plaisantant mais en toute solennité. Pourquoi ? Je ne sais pas ! Parce que certaines personnes préfèrent se couvrir d’illusions, s’inventer quelque chose d’utopique au lieu d’accepter la réalité et la regarder bien en face. Ou parce qu’elles pensent qu’il s’avère difficile voire inconcevable que quelqu’un puisse être aussi direct, cru, véridique. Eh bien ! Je suis ce quelqu’un.

Je suis un salaud mais je ne mens pas. Lorsque je drague, je ne remplis pas la poche de la mémoire ou du cœur (peu importe) de promesses mirobolantes. Je ne débite jamais que je peux mettre le ciel plein d’étoiles sous les pieds ou offrir la lune (tellement cliché, cette dernière). Je viens toujours comme je suis, avec pour seuls bagages ma folie, ma conception des choses que je n’impose pas du tout et ce que j’ai à offrir. Si vous vous le demandez par hasard. Non, je ne colporte pas de regrets. Au contraire, je marche pieds nus posément sur les tessons de cœurs brisés sans même me blesser le talon. Je sors toujours ma phrase fétiche : je t’avais prévenue. Je n’écris pas sur les murs de l’instant présent promesse de fiançailles, de mariage, de fidélité, d’éternité pour ne pas avoir à les effacer plus tard. Je n’ai pas à bluffer. 

Évidemment, c’est un métier à risques. Il m’arrive souvent d’essuyer des menaces les unes plus effrayantes que les autres. Je pense là à cette amie qui me racontait comment une ex amante (qu’elle m’avait présentée) a tout fait pour me nuire mystiquement nan boule wanga dèyè m. « E sa w fè m Brad? M ap manje w tande », m’avait-elle lancé après la rupture. J’avais haussé vaguement les épaules. Deux ans plus tard, je suis toujours là, donnant du plaisir à celle qui le veut et à celles que je veux. J’ai eu une petite amoureuse qui en avait marre de mon instabilité, elle voulait me payer des séances chez une psychologue parce que selon elle, j’ai un vide émotionnel ou affectif (je ne sais pas) à combler : ce qui explique pourquoi je flâne ainsi pour glaner des bouts d’affection. J’ai accepté et après quelques séances, j’ai sauté la psy à deux reprises dans son bureau. Quand Léa a su (elle s’appelait Léa), elle ne m’a jamais plus adressé la parole.

Autre épisode que j’aime énormément. Il y a eu cette fille à la fac qui faisait tourner la tête à plus d’un, le genre de bombe concoctée soigneusement par la nature : fesses redondantes, beau pré comme un pain bourré de levain (vous voyez de quoi je parle), seins vigoureux et lèvres pulpeuses. A l’époque, je terminais ma 4ème année et elle était en 2ème. Plusieurs mecs bavaient sur elle, moi je ne faisais que la désirer : elle m’excitait tellement. A chaque fois qu’elle passait, elle ordonnait à mon 3ème pied de se mettre debout vite fait comme si elle en avait le remote control. Je suis allé vers elle, je lui ai dit que j’avais envie d’elle et que je n’arrivais guère à chasser l’image de sa démarche dans ma tête le soir. Elle en était apparemment choquée. Elle est partie sans rien me dire. Quelques jours plus tard, on a eu une conversation plutôt intéressante. Quand elle a enfin accepté de venir chez moi, j’ai roulé presqu’en boucle « En toute franchise » de la formation musicale K-Dans pour rester cohérent. « Ou eksite m lè w ap mache/Ou toumante m lè w ap pale. » Arrivé à cette partie « Ouuh doudou mwen pa renmen w m anvi w, m anvi kò ou m anvi bouch ou… » je l’ai regardée droit dans les yeux et elle a souri lumineusement. Mon Dieu, qu’elle était belle et excitante ! On a baisé des mois durant et ça s’est arrêté seulement lorsqu’elle m’a déclaré ses sentiments.

Je suis un salaud, pourtant je ne suis pas comme ces amateurs, garçons excités, qui tiennent religieusement un registre des filles qu’ils emmènent dans leurs lits tels des gamins de lycée. Appelez-moi homme par le caractère, de plus j’ai déjà compté 36 rekòt kafe (oui, j’ai passé l’âge du maître) et je suis, moi, un virtuose, un professionnel de l’art. Je trouve que ce sont celles avec qui je partage mon temps et mon talent qui doivent avoir des choses à garder. Je n’ai rien à retenir sinon que la jouissance et la satisfaction d’avoir servi le bon plat. Je vis toujours dans le présent, alors il ne m’intéresse pas quand il n’est plus. Laissez-moi vous expliquer ce qui constitue mon registre, moi : voir une femme passer et me dédier un sourire ou un clin d’œil alors que je m’évertue à voir qui c’était, car je les oublie facilement (c’est un jeu que j’aime) ou qu’elle fronce les sourcils en m’apercevant de loin (ça arrive aussi). Après, quand je fume mon cigare, sirote mon whisky, je me permets exceptionnellement une petite incursion dans mes vagues souvenirs. Voilà. Rien que ça !

Ma mère n’apprécie pas tout ça, elle m’enjoint toujours de changer, d’arrêter d’abuser de ces « pauvres âmes à la recherche de la rivière de l’amour pour se désaltérer » et que j’enfonce honteusement dans le sable chaud du désert. La pauvre avait vécu la scène où deux sœurs, remontées contre moi, étaient venues me traiter de tous les noms chez moi (elles n’avaient pas dit salaud, dommage ! ) Elle rêve de me voir entretenir une relation sérieuse. Est-ce que ce n’est pas sérieux, là ? Je ne joue pas, lui dis-je souvent. Elle rêve de me voir « faire ma vie », comme si c’était ma mort que je faisais ; ah justement, c’est ce qu’elle avance ! Et moi je lui réponds qu’elle ne peut pas s’immiscer dans ma vie comme bon lui semble alors que je suis un adulte lucide et responsable de ses actes. On se dispute, je l’embrasse tendrement sur le front, elle remue la tête et ça passe.

Je sais à quoi vous pensez : à ces histoires passe-partout où le mec gentil, amoureux ou timide se métamorphose en player déchaîné, coureur invétéré à cause d’une rupture, d’une affaire de cœur. Ah ben non ! Pas pour moi ! Aussi loin que je me rappelle, je n’ai jamais été 1) monogame 2) amoureux 3) en souffrance à cause d’une rupture, que je l’aie provoquée ou non. Déjà tout petit, j’avais presqu’un harem et j’ai grandi ainsi en promenant ma liberté et ma passion partout. Alors je suis comme ça ! Parfois je me considère comme un peintre qui mélange les couleurs, crée des nuances, cherche le meilleur sans jamais s’attacher à quelque chose de précis, ou un papillon qui se promène partout sans s’attarder.

Je sais que vous vous attendez aussi à cette partie de l’histoire où je vous dirais que j’ai rencontré une femme qui a tout chamboulé et mis mon ciel sens dessus sens dessous, que je suis tombé dans ses filets et que j’ai changé blablabla. Mais non, jusqu’ici j’attends encore ce fameux jour et cette humaine qui est censée me casser les ailes, m’atrophier ou me briser le cœur à mon tour. Elle représente pour moi ce qu’est le Prince Charmant à nos jeunes demoiselles. Alors si vous croyez pouvoir le faire, vous, venez, je vous attends. Tentez votre chance et surtout, ne vous bousculez pas, il me reste encore quelques bonnes longues années à vivre. Alors ? Je suis un vrai salaud ou pas ?

Quelque part au Royaume des Salauds

15 décembre 2015

Bradley Jolibois

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9 commentaires
  1. Leticia dit

    Alors la plus salauds tu meurs

  2. Lovna dit

    Si seulement il y avait bcp plus de représentants de ce spécimen là…

  3. Cindy dit

    5 ans après??? Quelque chose a t-il changé????

  4. Prophete Alcindor dit

    C’est comme si je lisais quelque ligne de mon histoire de vie amoureuse

  5. NSC dit

    Je suis partante pour relever le défi. Rire.
    Beau texte.

  6. DUTREUIL Medjie Genevie Annie dit

    Très beau texte.

  7. Basquin love Marie Bedjina dit

    L’un des plus beaux textes que j’ai lu

  8. […] lire aussi>>> Je suis un Salaud […]

  9. Franchesca Semé dit

    Mon Dieu il a sauté la psy😭😂😂😂😂😂t’es le meilleur.

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