À P*, à M*, à A* et à tous les autres…
Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends
Je te vois dans ta peur de l’inconnu
Je te vois dans tes inquiétudes
Et je te comprends
Toi qui fais tout ton possible pour plaire à tout le monde
Pourquoi toi on ne veut pas satisfaire à ta demande ?
Une simple requête:
Celui d’être heureux.
Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends
Oui, je te comprends lorsque seul dans ta chambre tu questionnes ton existence.
Tu te demandes : suis-je un monstre?
Ne suis-je pas comme les autres?
Ma différence, fait-elle de moi un sous-homme?
N’ai-je pas le droit de vivre comme tout le monde?
Toutes ces pensées sans fin qui te taraudent.
120 battements par minutes…
Des pensées à n’en plus finir et qui te rendent anxieux.
Anxiété…
Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends
Je te vois désespérément chercher à savoir ce qui se passe dans ton corps.
Tu muris et tu le sais bien
Tu cherches à savoir ce qui peut bien se passer
Toutes ces pensées te tournent autour…
Tu veux bien vouloir les chasser, mais rien n’y fait.
Elles sont là et elles restent comme une sangsue collée à sa proie
Elles ne te laissent pas.
Elles ne veulent pas te laisser
Tu sens que ces pensées vont maintenant faire partie de ta vie
Tu le sais bien
Et ça te fait peur
Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends
Je te vois marcher en long et en large.
Je te vois te sacrifier pour plaire à tes parents.
Tu veux leur annoncer la nouvelle
Mais il faut que tout soit parfait
Tu ne veux pas faire de faux pas.
Tu veux que le jour soit grandiose.
Même si la peur te dévore
Elle t’anime dans ton être, cette peur
Elle s’étend dans ta chair.
Ta chair?
Parlons-en !
Tu commences à ressentir des choses.
Des choses violentes que tu n’as jamais ressenties jusqu’avant
Ton corps est en pleine convulsion
Il ne t’obéit plus
Tu n’as plus envie de le commander d’ailleurs
Tu es amusé par ces changements
Tu sens que tu deviens un homme
Ça t’effraie et ça t’amuse en même temps
Ta chair se meut et s’émeut.
C’est l’extase !
Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends
Tous ces changements, tu les vis tout seul dans ta chambre
Ta main parcourant ton corps comme Eve parcourant le fruit interdit.
Tu apprends à te connaitre toi!
Comme tu es un jeune homme perdu qui tente de trouver sa route dans un monde sans capitaine,
Tu réponds au désir de ton corps
Tu apprends à te faire plaisir
Tu le fais avec violence
Tes oreilles se dressent
Tes pieds se détirent
Tes jambes tremblent
Ton ventre se contracte
Tes yeux s’écarquillent
Tu viens de connaitre les joies du bonheur solitaire
Tu cries d’extase …
Juste la fin du monde…
Et tu mets la main à la bouche à la dernière seconde
Non seulement parce que tu ne veux pas que l’on t’entende
Mais surtout parce qu’au moment que ta première semence sortait de tes entrailles.
Tu as crié son nom…
Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends
Pourquoi as-tu crié son nom?
Pourquoi ne devrais-tu pas crier son nom d’ailleurs?
Il est vrai que tu étais toujours attiré par tes consœurs à l’école
A onze ans il y avait Tabitha! (Ah Tabitha et se boucles d’oreilles)
A douze ans il y avait Lena
A treize ans il y avait Mathilde,
Mathilde ton premier baiser
Tu ne t’en souviens plus
Et puis il y a eu un béguin pour Samantha
Vingt mois de plus que toi, garçon manqué, qui montait à cheval et qui jouait très bien au hockey.
Garçon manqué…

Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends
Je te vois dans ta chambre
Je te vois dans tes questionnements
Tu te demandes : suis-je un monstre?
Ne suis-je pas comme les autres?
Ma différence fait-elle de moi un sous-homme?
N’ai-je pas le droit de vivre comme tout le monde?
Toutes ces pensées sans fin qui te taraudent dans la tête.
Des pensées à n’en plus finir et qui te donnent plus d’anxiété.
Oui je te vois
Oui je te comprends
Ce n’est pas parce que je ne vis pas les mêmes inquiétudes que toi que je ne te comprends pas
Je sais que tu te poses la question tous les jours
Comment leur expliquer que tu aimes les filles, mais aussi les garçons.
Car le nom que tu as crié est son nom.
Celui d’Adrien.
Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends
En effet depuis quelques temps
Tu n’as d’yeux que pour Adrien
Il est ton centre
Ton univers
Plus rien d’autre n’a d’importance sur terre
Tout peut s’écrouler autour de toi peu importe, il suffit qu’Adrien soit là !
Tu ne vis que pour lui.
Tu ne respires que pour lui.
Sa voix fluette et féminine te rassure.
Adrien est ton roc.
Tu veux dire au monde entier comment tu l’aimes
Comment tu aimes être avec lui.
Comment tu aimes la douceur de sa main dans ta main.
Mais comment expliquer cela a tes parents
Ils en ont fait toute une scène lorsque Maribelle née Jonathan était venu(e) te chercher pour une sortie entre amis.
Ton père en a fait toute une scène !
Pour l’haïtien qu’il est :
Un garçon reste un garçon, cela ne devient pas fille et cela ne côtoie surtout pas son garçon
J’étais là donc…
Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends
Je te vois dans ta peur de l’inconnu
Je te vois dans tes inquiétudes
Et je te comprends
Toi qui fais tout ton possible pour plaire à tout le monde
Pourquoi toi on ne veut pas satisfaire à ta demande ?
Une simple requête.
Celui d’être heureux.
Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends
Je te vois chercher désespérément chercher à savoir ce qui se passe dans ton corps.
Tu muris et tu le sais bien
Tu cherches à savoir ce qui peut bien se passer
Toutes ces pensées te tournent autour…
Tu veux bien vouloir les chasser, mais rien n’y fait.
Elles sont là et elles restent comme une sangsue collée à sa proie
Elles ne te laissent pas.
Elles ne veulent pas te laisser
Tu sens que ces pensées vont maintenant faire partie de ta vie
Tu le sais bien
Et ça te fait peur
Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends
Comment expliquer ce dilemme qui te taraude.
Qui enlève ton sommeil
Qui t’empêche de dormir la nuit.
Ce dilemme qui te fait penser si fort pendant la journée.
Pourquoi es-tu différent?
Pourquoi ne pourrais-tu pas aimer des filles comme tu l’as toujours fait?
Pourquoi tout doit être toujours si complique?
Je te vois
Je te vois regarder ton frère et ta sœur qui invite leurs copains respectifs à la maison.
Toi aussi tu aimerais inviter Adrien. Même en tant qu’ami. Mais tu sais que tu ne pourras pas te retenir, il se peut que tu fasses quelque chose qui puisse t’incriminer.
Un regard, un toucher, un baiser
Tu ne peux plus de te retenir lorsque tu es avec lui.
C’était comme avec Rebecca sept mois auparavant.
Mais à la différence que le seul scandale que pourrait faire Rebecca soit le fait qu’elle soit blanche…
Je t’entends
J’entends tes inquiétudes …
Tard dans la nuit
Tu as peur…
Qu’Adrien se lasse
Lui il a grandi ici
Ses parents ne sont pas comme les tiens
Il l’accepte comme il/elle est
Lorsque parfois il/elle décide d’être Mathilda, ses parents n’arrêtent pas de le dire comme ils sont fiers de lui/d’elle
Toi.
Toi tu dois te contenter de petits baisers volés aux toilettes
On ne choisit pas la personne dont on va tomber amoureux.
Mais tu aurais donné tout l’or du monde pour que ce soit une autre personne qu’Adrien.
La semaine dernière dans la cour de chimie. Il avait pris ta main et, sans gêne, l’avait déposé entre le creux de ses jambes et l’y avait massé tout doucement
Toute ton âme s’est envolée, c’était comme un choc électrique…
Ton corps a connu des convulsions violentes…
Tu étais en train de découvrir le corps de quelqu’un d’autre pour la première fois de ta vie.
Quand on à 17 ans…
Tu as rougi de plaisir mais tu as vite fait comprendre à Adrien qu’il ne pouvait pas faire ces genres de choses en public.
Quelqu’un peut te voir et le dire à ses parents.
Il/elle n’avait pas compris.
Pourquoi il/elle ne peut pas te toucher en public
Pourquoi il/elle doit se contenter d’une accolade lorsqu’il/elle te voit après le week-end lorsque ses lèvres cherchent dangereusement les tiennes. Dans sa tête de blanc il n’arrive pas à comprendre. Vous n’êtes pas de la même culture, ses ancêtres ont colonisé les tiens, eux ils n’ont pas de traumatismes de l’esclavage qui se perpétuent durant des siècles. Tant mieux pour eux…
Il essaie de toutes ses forces de te comprendre mais il commence à avoir des doutes
Ces doutes te font peur…
Et je te comprends
Je te vois marcher en long et en large.
Je te vois te sacrifier pour plaire à tes parents.
Tu veux leur annoncer la nouvelle
Mais il faut que tout soit parfait
Tu ne veux pas faire de faux pas.
Tu veux que le jour soit grandiose.
Même si la peur te dévore
Tu veux le faire
Pourtant tu veux attendre
Rien ne presse
Tu ne peux pas affronter la fureur de ton père.
La tristesse de ta mère…
Pas encore…
Adrien comprendra…
(Comprendra-t-il/elle?)
(Encore des questionnements !)
La souffrance t’anime
Elle t’enveloppe
Tu tombes dans l’abime
Tu te terres dans ta chambre, seul
Avec tes pensées
Tu penses que personne ne te voit…
Et pourtant …
Je te vois
Je t’entends
Et je te comprends…

Carlens Laguerre
Cette histoire est une fiction tirée de faits réels
*par respect pour les personnes qui sont mineures au moment de l’écriture de ce texte et qui n’ont surtout rien demandé, j’ai préféré ne pas inclure leurs noms. Mais elles se connaitront car elles savent que je les vois, que je les entends et que je les comprends.
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