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Des mots pour immortaliser des mots

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Des mots pour immortaliser les mots…

Avertissement : Ce texte est un non-sens, un tas hétéroclite de mots qui n’ont pas tous le même âge. Si vous êtes de ceux qui s’obstinent à trouver un sens à tout, à mettre des mots sur tout ce qui se présente à vous, ce texte n’est pas fait pour vous. En revanche, si vous aimez le bizarre, le beau qui n’appelle pas désespérément à la compréhension, allez-y, plongez-vous la tête dedans, sans soucis !

 

Plusieurs choses ont fait danser d’admiration mon esprit en ce monde. La musique, par exemple, me saisit les sens et me fait tressaillir quand il le faut. J’adore la musique. Pourtant je n’ai jamais été autant subjugué que par la magie des mots et toute la beauté de la parole. Les mots, tout le monde les utilise tous les jours, à tort et à travers. Mais dans la bouche de quelques uns, ils prennent de surprenantes tournures. Assemblés d’une certaine manière, ils créent l’émotion. Ciel, fleur, amour… Donnez-les à certains gens et regardez la merveille qui vous revient. 

Incontestablement, les mots heurtent, choquent, ravissent, motivent… Par quel procédé mystérieux des lettres accolées l’une à l’autre arrivent-elles à m’arracher un frisson ou provoquer une violente décharge en moi, en nous ? Je peux me réveiller avec des mots qui trottent dans mon esprit comme cette phrase de Rimbaud que j’ai dédiée à une amie dernièrement qui cueillait un nouveau printemps : « J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse. » tout en me disant, un sourire aux lèvres : « Sacré bonhomme, celui-là !  » Je peux ruminer ces mots de Jean Billy Mondésir « Toute femme qui marche danse dans ma tête » ou de Joubert Joseph : « Il y a ton corps /Il y a le mien / J’invite la mer à notre rencontre /Pour laver nos blessures ». Ou il peut être question d’un de ces traits de génie que j’ai en pleine nuit et qu’il faut consigner quelque part. 

Certaines lectures procurent une forte sensation, de l’inspiration et certaines phrases s’incarnent en lettres d’or dans la mémoire. Dans le quotidien également, il y a les mots qui vous frappent, vous font sourire ou méditer. Je pense tout de suite à mon amie qui me souhaite de « recueillir assez de poussière d’étoiles pour bâtir mon propre ciel. » Certains parlent d’impossibilités du réel à côté de la beauté du langage. Autant admettre que vraiment, la beauté du dire reste affolante. Les poètes s’y connaissent. Ne dit-on pas qu’ils sont magiciens ? Donc ouvrir le champ à toutes les possibilités du langage, défier l’irréel. Je pense aussi à un bout de conversation avec un ami laboureur de mots :

    ⁃   – Quoi de neuf bro?

    ⁃   – On essaie de se ressourcer, d’habiter le réel.

    ⁃   – Moi, j’essaie de déformer le réel à ma guise.

    ⁃   – Que sommes-nous sans poésie?

    ⁃  –  De vides coquilles.

 

Mais tout n’est pas toujours rose. « A l’autre bout de la vie, il existe peut-être une place pour faire pendre le malheur. » C’est ce que je me dis souvent. On appellera peut-être cela l’espoir. Quand le chemin vers le jour semble s’allonger, ces moments où on se dit : « Pour nous, pauvres créatures du malheur, qui traînons nos galères sur le pavé du quotidien. Nous les éternels abonnés du désespoir. » il y a les compagnons de galères. Il y a ceux avec qui on brûle la vie par les deux bouts pour dire un bonheur sans lapsus à chaque fois que l’occasion se présente. Avec un verre de malheur et un verre d’allégresse, l’altérité prend tout son sens. Quand on s’accorde à les boire ensemble, les complicités deviennent qualité du quotidien… »  Et puis : « Nous pour qui le regard d’une femme est poème sans mot et son sourire parfum d’espoir. Nous dont l’âme ne cesse de crier au vent sa douleur, nous dont le cœur est un espace fragile… »

On se dit, par la suite, que la nouvelle version de la Vie devrait simplifier certaines choses trop compliquées comme les sentiments. Existe-t-il une version plus simple de la vie ? Une sorte de coin spécial pour gens à déficiences car ici tout est trop compliqué : les sentiments, les regards, les mots… Certains comme moi savent quoi chausser pour contrer les aspérités de la route, ont leurs propres outils pour émousser l’existence (on n’y arrive pas toujours). Mais il y en a qui ne disposent d’aucune carapace. Alors soyez plus indulgents aujourd’hui et demain. Quand on marche pieds nus dans les vicissitudes de la vie, on piétine les débris du temps qui éclatent tels des ballons baudruche. Sur la peau, dansent les ecchymoses et les moisissures du désespoir pavent le cœur.

Alors pour tout exorciser on se bourre la pipe de folies. Parce que vivre ne suffit pas ! Il faut vivre démesurément : les pieds dans le réel et la tête touchant l’invisible, brasser le quotidien, meubler l’esprit, libérer la parole et arroser les sens de temps en temps. Comme à chaque fois qu’il est bruit que l’Eté, terrible enfant du bonheur, s’est jeté tête baissée dans la mer. Alors que beaucoup perdent leur temps à le pleurer les vrais savent qu’il faut trouver ses restes et lui offrir des funérailles dignes de son étoffe. Parfois en proie à la nostalgie, on écrit ce genre de choses : 

« Il y a des nuits pucelles

Sombres comme elles-mêmes

Avec un regard noir, ingénu

Et d’autres égrillardes

Noyées de volupté 

Qui se laissent baiser jusqu’au matin

Et ces dernières me manquent. » Parce que je suis un rêveur, vous direz. Les rêves pavent mon existence, certes, mais mon esprit accuse une vision claire du réel. Alors que, pour plus d’un, les rêves sont visiteurs nocturnes, je vois les miens peindre mon quotidien de mille couleurs même quand l’espoir prend peur au tournant des rues sombres de la réalité.

Ce qu’il y a de plus intéressant avec les mots, il y en a pour toutes les occasions. Non, j’ai tout faux. Parfois les mots deviennent impuissants, doivent se taire alors s’impose le silence. Mais là aussi c’est encore un autre langage, secret, terrible et doux comme celui des yeux. Je suis tombé sur une de mes petites phrases lancées sur internet : « Les mots sont de secrets repaires où parfois la vérité se donne en spectacle. » J’ai ri à gorge déployée. Des mots qui parlent de mots ! Certaines fois, les miens parlent d’autres choses aussi, et pas des moins intéressantes. Dernièrement, mes recherches m’ont amené à quelques mots que j’ai écrits il y a déjà plus d’un an. Lisez :

« A l’inconnue bien connue

Toi qui te promènes souvent dans mon jardin nocturne, toi qui colores mes nuits de mille étoiles. Chaque soir tu me rends visite, tu te glisses sous mes paupières fermées avec ton corps qui vogue insouciant sur l’océan de mes désirs.

Il y a d’abord toi, toi avec ton amour qui déborde doucement, ton affection et ta tendresse qui me berce. Puis tes yeux, merveilleux paysage qui me happe, beau tableau peint de passion aux couleurs du bonheur, ce miroir vivant qui me dit les moments vécus.

Il y a aussi tes lèvres, réserve d’un miel pur qui m’enivre. Tes lèvres que j’aime déchirer à belles dents dans la complicité de nos langues avides. Et ta voix si sublime qui reste muette dans un souffle haché quand elle susurre. Tout cela fruit de l’extase que tes frissons décrivent mieux que mes mots.

Et ta peau où s’inscrivent les traces de mon amour quand en musique langoureuse j’y sème les notes de ma bouche. Ton corps qui raffole du contact de mes doigts dans toute sa chaleur quand ton âme en ébullition monte à la surface. Ma main vagabonde qui te caresse et parcourt ton intimité charmante. Ce goût de miel que ta peau dépose sur ma langue tout en exhalant son arôme si frais. Je goûte l’inédit sur ton corps, dans tes baisers succulents. Et je me réveille entre le sommeil et la transe… »

En les retrouvant, j’ai souri. Je me suis dit que je voudrais pouvoir vivre comme je dis, comme j’écris. Je me rappelle alors la trilogie d’un ami-poète : poésie, volupté, eau-de-vie. S’il fallait vivre de mots ? Si on pouvait réellement ne vivre que de mots ? On pourrait vivre seulement d’amour, de folies ou encore d’éternité. Mais ceux qui ont conscience des mots, à l’instar de quelques autres, c’est une part d’éternité que l’on se crée à côté même des avatars de l’existence. Comme quoi, malgré tout, la vie serait un grand verre de vin, grand comme le monde, il faut alors choisir de s’enivrer ou de s’y noyer !

Lire aussi>>Sur les rives du temps qui part.

Witensky Lauvince Le Scribe

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2 commentaires
  1. Angelo dit

    Un poète très épris de la magie des mots !
    Superbe texte frère.

  2. Sophonie Mesidor dit

    C’est génial de voir comment on peut se laisser bercer par la magie de ces mots immortels.
    Bon travail mon ami, continue sur cette bonne voie!

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