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Le papillon noir à la grosse queue

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Magalie était à peine sortie de l’adolescence. C’était un gai fleuron qui faisait luire ses paillettes et attirait à elle la meute des prédateurs. Magalie avait l’appétit d’un trou noir, partout où elle allait, elle attirait tous les regards. Elle se sentait être le centre d’attraction des mâles. Alors elle les provoquait par sa démarche, ses sourires en biais, ses rebuffades aussi et les douches glaciales de malhonnête. La gent masculine aimait les malhonnêtes, elle s’en était rendu compte et ne s’en est plus gênée pour leur en servir. Ainsi, elle restait dans leur mental, les dominait et devenait progressivement ce fantasme imposant qu’eux les hommes n’arrivaient point à soumettre. Magalie était un fruit défendu qui circulait librement dans les rues à la recherche de nègre pour leur taper sur le système. On  sifflait après elle quand elle déambulait. Magalie la grosse cuisse ! Magalie Bèl Mouda ! Magalie Mazonbelle ! Magalie la patate douce dont j’aimerais faire qu’une bouchée. Il y avait parmi eux qui, déjà, hallucinaient  leurs fantasmes : «  Si Dieu le permettait que j’eusse cette femme même pour une nuit, humm adje wi dan, je lui ferai des choses inimaginables. Elle est la seule femme que je me permettrais un anilinctus correct ».

Et celui qui venait de dévoiler sa déviance en pâtit par des moqueries de toutes sortes. Il s’est vu être puni par la bande. Mis sur le banc de touche pendant un moment pour raison d’hygiène. On ne devrait pas lécher l’endroit qui n’a jamais connu la lumière. Magalie savait l’effet qu’elle faisait quand elle déambulait, alors elle a pris ça pour une habitude. Elle a passé un accord tacite avec la rue. Elle voulait devenir immortelle, rester vivante à tout jamais dans la mémoire des hommes mais…

Il n’y avait pas que les hommes de la zone qui avaient des regards sur Magalie, mazonbelle de la rue Acacia. C’est ainsi que, par une de ces journées où les hommes se mettaient en embuscade pour épier le passage de Magalie et revigorer leurs fantasmes, l’un d’eux choisit de se démarquer du lot. C’était un type douteux, nul ne l’avait vu avant dans le quartier. Il avait sûrement entendu les histoires de cette belle qui flanquait le bordel dans les rues rien qu’avec sa démarche. Il était sûrement un incrédule venant s’assurer des faits. Et si les faits s’avéraient, c’est que la popularité de cette dernière commençait à se répandre au-delà  du quartier. Bientôt on aura tous les hommes de l’armée dans la rue. De toute façon, ce dernier semblait attendre. Il patientait depuis un bon moment déjà. Dès l’aube. Ce sera l’énième homo sapiens qui allait se faire rabrouer par une femme en mal de popularité.

***

Magalie, en sortant de chez elle, savait que ce jour serait différent des autres. Il allait lui arriver quelque chose de spécial. Elle croyait au destin et à l’idée que le monde suit une ligne toute tracée, invisible mais dont tout le monde s’emboîte là-dedans. Son destin allait changer aujourd’hui. C’est pourquoi lorsqu’elle vit cet homme qui le  dévisageait à un tournant d’un carrefour, elle lui fit son plus grand sourire. Comme elle n’avait jamais souri depuis tant d’années.

L’homme lui répondit aussi par un sourire et attendit qu’elle lui tourne le dos pour lui taper l’épaule. Elle dévia son regard vers lui.  C’est là qu’elle sentit sa volonté la quitter pour tomber dans un long tunnel sans fin.

***

Elle passa sa langue sur la proéminence rêche de son pénis à peine sorti du caleçon. Elle le regarda comme un objet d’une valeur incommensurable. Elle parcourut du bout des doigts les aspects de ce cylindre de chair chaude qu’elle tenait là, en pleine paume. Sans trop savoir

pourquoi, elle se mit à le secouer de droite à gauche comme s’il s’agissait d’un jouet. Au lieu de fléchir, le pieu semblait prendre plus de la longueur et se durcissait à vue d’œil. L’homme qui était en sa possession haletait comme un chien excité. Elle allait le déguster grave. Elle allait lui faire connaître le paradis. D’un coup, elle l’enfourna jusqu’à la luette, un spasme lui raidit le corps et elle s’arqua au contact du gland spongieux qui prit encore du volume. Putain, cet homme avait un pénis expansible, pensa-t-elle ! L’homme en question n’était plus parmi les terriens, son long voyage pour le nirvana avait commencé. Ses reins étaient la barque qui le maintenait sur les flots tortueux du plaisir et ses poils, des pagaies pour ne pas tomber tout de suite dans les abysses vertigineuses d’une éjaculation précoce.

Elle sortit le membre entièrement de sa bouche, juste pour admirer une fois de plus la prestance. C’est la première fois qu’elle voyait un homme aussi bien monté. Elle avait passé des heures à mater des pornos sur son vieux Android bientôt périmé. Elle croyait que ces genres d’homme n’existaient que dans les fantasmes et sur les sites pour adultes. Mais ce membre ! Ce membre l’en dépersuada complètement. La chose était gluante et ressemblait à un mollusque qui essayait de faire des bonds. Un mollusque noir, un mollusque chocolaté. L’homme ne lui accorda même pas une seconde qu’il fit une pression sur sa nuque. Elle sentit ses lèvres qui effleurèrent le bout fendu de sa chose, le pénis se fit autoritaire. Elle essaya de garder ses lèvres fermées en signe de protestation. Elle n’avait pas encore fini d’admirer l’obélisque. La pression s’accentua et l’instant d’après ses lèvres malgré elles, furent violées, s’ouvrirent comme une fleur au soleil. Alors elle se résigna, elle le suça.

Sa tête s’élevait ostensiblement dans les airs, comme pour suivre une mélopée langoureuse. Des bruits de succions se faisaient entendre tandis qu’elle donnait du cœur dans sa bave. Elle sentit que l’homme était au cœur de sa jouissance. Il allait bientôt en atteindre le bout alors elle précipita la chose. Accélérant la cadence, elle agrippa au passage ses boules et les pétrit doucement dans sa main. L’homme eut un sursaut et trembla de la tête au pied. Ses coups de reins se transformèrent en une tempête houleuse qui ravagea le garde-côte de ses dents. Il allait jouir. L’instant idoine, elle clampsa la hampe de son membre et arrêta d’un tranchant sec, le jet qui allait dégouliner. L’homme, surpris par l’acuité du geste, se recroquevilla en position fœtale, son corps ravagé de soubresauts, la peau couverte d’une couche de sueur. Chair de poule. Des rigoles de larmes noyaient ses yeux dans un mirage glauque.

Ses hanches, incontrôlable, continuèrent à imiter le ressac des vagues. Quelques minutes plus tard, l’homme se relevait en position assise, plongea ses regards dans les yeux de la jeune femme et lui dit :

«  M p ap vin pran sa sèlman pou mil senk san goud mwen an non. Fòk mwen koupe ! »

Elle n’était pas à vendre, ni son corps ni sa chatte. La situation dans laquelle elle se trouvait était tout à fait incompréhensible. Elle se rappela qu’elle marchait, ses écouteurs vitupérant lorsque quelqu’un lui a touché l’épaule. Elle s’était retournée et se souvient avoir vu quelqu’un lui sourire. Puis, elle s’est retrouvée dans cette pièce à sucer une queue. Une queue monstrueuse.

L’homme s’approcha vers elle et elle vit pour la première fois, avec finesse, ses traits. Un visage patibulaire, des pommettes osseuses, des lèvres charnues, des muscles en béton. Il semblait être un homme qui travaillait dans les mines. D’ailleurs, il portait encore sur sa peau les traces crasseuses de son rude travail. L’homme lui frotta contre le corps son pénis redressé.  

Elle ne bougea pas. Elle semblait être dans une brume. Coincée quelque part entre sa raison et la volonté d’un autre. Il a fallu que son partenaire sourit une deuxième fois pour qu’elle consente à s’étaler de tout son long par terre. Comme une automate, les cuisses grandes ouvertes tandis que d’un geste langoureux elle fit glisser sa culotte sur ses jambes fuselées. L’homme humecta ses grosses lèvres  en voyant sa vulve charnue qui se gonflait de désir. Lorsqu’il s’approcha d’elle, l’odeur musquée de son corps lui assaillit les narines. Son corps se couvrit de frisson. Pas par plaisir, mais un frisson effrayant comme si sa chair réprimait le contact qui allait suivre.

Elle détestait la façon dont ses seins trahissaient son désir et mettait à nue ses faiblesses. A peine eut-il à l’effleurer, ils se mettaient au garde à vous pour offrir leurs splendeurs et leurs galbes. L’homme ne se fit pas prier. Ce n’est pas la première fois que l’on rencontre une femme avec une poitrine aussi plantureuse et des tétons en baïonnette. Malgré elle, elle plongea bon gré mal gré dans le vortex d’un plaisir imminent. Elle voulait être présente dans chaque moment du coït, rester lucide afin de comprendre ce qui lui arrivait mais… à chaque coup de langue, à chaque lapée, elle sentait sa raison faillir et son corps le propulser vers des sphères inconnues. Cette sensation sur sa chair était un raz-de-marée brutal qui noya son incompréhensible dans l’éponge de son sexe.

Son corps le trahit, son sexe partit en vrille, son clitoris turgescent en demanda son lot. Elle prit la tête de son partenaire et le glissa d’un geste roide jusqu’à l’entrée de sa vulve. Au premier suçage, elle oubliait son identité, la deuxième fit tanguer la dimension de la pièce. Elle hurlait sans même s’en rendre compte. Dans un souffle brusque, elle eut le temps de dire : « Ban m Bwa pou m pote

L’homme ne se fit pas prier. On ne se fait jamais prier en tout cas quand une femme vous sorte ce genre de parole. Il la pénétra d’un coup sec. Jusqu’à la garde. Elle eut un sursaut puis ses yeux s’écarquillèrent sous l’assaut brutal. Son cri coincé dans sa gorge ne verra jamais le jour. Un autre coup sec lui acheva et elle se sentait disloquée, ouverte en deux. Elle colla son bassin un peu plus à celui de l’homme et ne se savait pas capable d’onduler de la sorte. Le corps de l’homme se mit à scintiller comme si des millions d’étoiles venaient de naître sur chacun de ses pores. Elle ne se posait pas de question, trop occupée à s’envoyer en l’air. L’atmosphère de la pièce se faisait de plus en plus en brûlant tandis que celle-ci rapetissait. Elle se sentait au bord d’un précipice qui allait bientôt avoir raison de son âme. Elle accéléra la cadence tandis que son amant lui tint par les hanches et rentrait de plus en plus vite dans son ventre. Les deux se mirent à flotter au beau milieu de la pièce et l’orgasme les surprit tous les deux.

Elle fut brusquement transportée vers le panthéon des dieux et goûta au fruit sacré de l’orgasme. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait vivre. Elle crut entendre un chant céleste qui l’accompagnait dans sa montée au nirvana. Même les anges aimaient l’orgasme. Puis, peu à peu, les effets s’amenuisèrent. Elle redescendait sur terre. Elle tomba sur le sol en une poupée chiffon, toute molle. C’est en ouvrant les yeux qu’elle vit un spectacle tout à fait ahurissant. L’homme qui venait de le baiser brillait comme un soleil puis éclata dans une sorte de poussière dorée. Il se transforma en un gros papillon noir qui trainait sur sa tête une trompe anormalement longue et grosse. Le papillon décrivit de grands cercles dans les airs  puis fonça vers un point précis. Il semblait fendre de sa grosse trompe le monde fragile des esprits et disparut.

Comment ? Qu’est-ce-qui venait de se passer ? La jeune femme ne comprenait pas tandis qu’elle retrouvait l’usage de sa volonté petit  à petit. Il lui semblait que son monde rapetissait à toute vitesse. Elle émergea d’une sorte d’entonnoir, comme s’il venait de passer d’un monde à un autre en l’espace de quelques secondes. Qu’est-ce-qui lui est arrivé ? Était-elle en train de rêver ? Mais son sexe qui palpitait encore la persuada du contraire. Non, elle ne rêvait pas, elle eut l’impression que l’homme-papillon était encore entre ses cuisses en train de sucer son jus de cyprine.

Perdue dans ses pensées, elle ne voyait pas la horde de gens qui était rassemblée autour d’elle. Elle ne se rendit pas compte qu’elle était au beau milieu d’un carrefour, nu, son triangle de Vénus imbibé d’une matière blanchâtre et poisseuse. Elle n’avait même pas remarqué qu’elle tenait 1500 gourdes entre les mains. Elle était perdue dans le confin des mondes, on lui avait acheté son petit bon ange. Les gens chuchotaient autour d’elle mais elle ne les voyait pas. Il n’y a avait que l’énigme et elle. Qui était cet homme-papillon ? Quand est-ce que tout cela avait commencé ? Comment a-t-elle pu tomber si bas ? Son esprit dérivait encore et encore sur ses questions. Ils finirent par devenir une sorte de musique désaccordée qui jouait en catastrophe dans sa tête. Indéfiniment. Elle prit sa tête entre ses mains comme pour taire l’ écho de son âme embrouillée. C’est alors qu’elle remarqua les 1500 gourdes. Qu’était-ce ? Pourquoi ?

Magalie en voulant être au centre de ce cirque de séduction, attira vers elle bien plus que ça. Elle s’est confrontée sans le savoir à la partie sombre de l’univers. L’homme était un initié aux grands arts noirs de la transformation inter-espèce, membre d’une société secrète cannibale et change-forme, il n’a pas fait que la baiser. Il lui avait aussi acheté son âme. Plus jamais la poulette n’aura à paroiser pour enflammer le poulailler. Maintenant, elle ne servira que les caprices d’un papillon change-forme, démoniaque et pervers. Tout ça pour 1500 gourdes.

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2 commentaires
  1. NSC dit

    Le texte me plait.
    Je n’aurais imaginé cette issue.
    Parfait le style

  2. Muanca dit

    J’aime bien le style, félicitations!!!

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