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Spectre Nocturne

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A Fée, en ces temps-là sa poussière envoutait mon sommeil

4h du matin, le tapage m’avait réveillé. Les pensées que j’avais fait taire la veille revinrent engouffrer mon esprit. Mes yeux me piquaient et je cherchais un repère dans le noir. La fenêtre est grande ouverte et un rayon de lune baigne ma chambre. Une idée saugrenue me vint à l’esprit. Quel esprit m’espionnait dans  mon sommeil? Était-ce mon ange gardien ou autre? Rien de tout cela, la lune est fringante et me rappelle que j’ai tout simplement dormi à la belle étoile en étant dans ma chambre. Une brise fraîche remplit la pièce et je me remis à penser. Août est venu en ami, avec  fraîcheur et pluie. Juillet avait été moins tendre, avec toute cette chaleur qui nous rôtissait vivant dans nos couches. Mais bon, un temps pour chaque chose. J’ai voulu me rendormir mais mes sens étaient aux aguets.  Essayant de capter un quelconque hurlement de loup ou tout simplement le vol tumultueux d’un hibou chasseur. Cependant rien de cela ne venait troubler cette nuit, frisquet, où tout semblait se grelotter sous le manteau de l’azur endormi, il n’y avait que le silence d’une part et  le tapage qui m’avait réveillé d’autre part. C’était comme si la nuit était passé dans un étau alambiqué qui l’a distillée en deux morceaux distincts. L’un vide, l’autre houleux de bruit. Ce bruit, c’était une foule de gens venu mêler leurs alléluia et leurs gloires à Dieu contre le royaume de l’enfer qui semble sévir particulièrement la nuit. Et tandis qu’ils louaient et combattaient le diable fantasmagorique, ils avaient pris en otage tout le quartier avec l’intense fréquence de leurs décibels naturels.

Je m’énervai, chérissant même l’idée d’appeler la police pour trouble de la paix publique, lorsque je me souvins qu’un mois plutôt, chez moi on avait fait ce même tapage dans le même but. Mais bon, nous, nous avons averti les voisins. Mais eux ils nous ont avertis en plein sommeil.  Je reviens au son de la nuit. Je me concentrais sur cette partie de la nuit qui surnageait par-dessus le tumulte. Tout était d’un calme d’angle 180 degrés, tout semblait prendre ce repos dont d’autres sectes appellent « Le sabbat », la nature ronflait doucement, son souffle vital se faisait sentir par les ondulations du rideau de ma fenêtre. Et par l’échancrure du tissu, je vis une étoile me faire un clin d’œil, je souris, au même instant quelque chose se détacha de la fenêtre, faisant battre mon cœur à cent mille à l’heure. Je me rendis bien vite compte  que ce n’était qu’une large feuille d’un bananier planté trop près de ma chambre. Je changeai de bord sur ma couche, lorsque je perçus cet effluve.

Ça fait longtemps que je n’ai pas rêvé de toi. Mon subconscient t’a-t-elle oubliée? Je n’en sais rien sinon que mes pensées commencèrent à s’aventurer sur cette pente escarpée. Je déteste quand tu m’occupes ainsi l’esprit, comme si tu pouvais tout t’accaparer après mon coeur. Comment suis-je arrivé jusqu’à t’aimer ainsi? Bien sûr je l’ai toujours su, depuis le premier jour où j’ai eu à te parler je savais qu’il y aurait quelque chose de spécial. Mais je n’y croyais pas trop. Mes pensées braillent ton nom et cela me fracasse les tempes. Dans ma tête s’élève un brouhaha comme si tous mes neurones se mettaient à crier, à scander les syllabes: toi, encore toi et toujours toi. Et ce tapage qui excède tous les autres me noie à chaque fois dans  une douce image qui me fait fermer les yeux. Je t’imagine toujours nue,  avec une odeur de citronnelle légère, de longues jambes fuselées, ciselées dans une mine de basalte, ta chair de velours, tes courbes, et ton visage. Tout pour me rappeler combien, bonté divine, tu étais belle. Je trouvai bien là un prétexte pour ne pas me rendormir. Te garder à l’esprit en un hologramme dénaturé et te faire jouer en boucle comme un disque gravé. L’être humain a toujours de nouveaux horizons à découvrir, longtemps nous avons pris la mer d’assaut et nous avons découvert de grands prés verts mais cela n’avait point attisé notre soif d’agrandir notre champ de connaissance. Nous  nous sommes aventurés par-delà la barrière qui nous ceinture, nous avons conquis l’espace, nous avons tué l’arrogance de la lune qui maintenant se cache de honte tel une vierge sans hymen. Et pourtant cela ne nous suffit point. Cela ne me suffit pas, toute cette conquête, toutes ces culottes, toutes ces chairs données volontairement ou écartées de force avec suavité de paroles doucereuses. Je n’en finis pas de toutes ces chambres d’hôtels qui ont connues la soie de nos vêtements un par un, de tous ces lits qui ont grincé, hurlé, qui ont protesté contre mon audace sacrilège. Tout cet argent gaspillé juste pour du plaisir cinq minutes quand je ne me porte pas bien, dix minutes quand je ne suis pas trop excité, trente minutes lorsque je joue au jeu du chat et de la souris, deux heures de temps quand je montre de quel bois je me chauffe. Toutes ces conquêtes de la matrice féminine qui se sont pliées sous l’ordonnance de ma verge. Tout cela ne m’a pas suffi. Et me voilà, pris aujourd’hui dans les filets, une flèche de Cupidon plantée dans le gros du cul. Oui, j’étais tombé amoureux de  ce désir si loin de moi, si chère à moi,  captive de mes songes agitées et érotiques. 

Sors de ma tête sinon ton poison ira voguer jusqu’à mon cœur et là je serai damné, si je ne le suis pas déjà !

4h du matin, il y avait ce tapage, ce silence et toi. Le tapage était habillé, le silence cachait son nombril, il se le cache toujours lui et toi, tu étais comme je le voulais, tantôt nue, tantôt dans cette robe bleue royale que j’aime tant avec un sourire qui  me démantèle et me fait plier sous l’ordonnance de ta maturité sévère, juge qui voit toujours le mauvais côté des choses.

Pourquoi en juger les hommes si le plus souvent ils bavent sur la parure extérieure? N’est-ce-pas ce que l’on découvre en premier? N’est-ce- pas ce qui pousse à connaître l’inconnu? Ce qui met en nos cœurs cette ivraie mortelle de curiosité,  désir  le plus souvent frelaté. La charnalité, une torche brûlante qu’utilisent ces anges en exil pour jouer avec l’esprit des hommes. Comment  débroussailler la mélasse de mes sentiments si je n’empruntais pas d’abord la voie de cette attirance vis à vis de toi ? Il fallait un passage pour me loger dans ton for intérieur et y déceler la joie de vivre et d’y rester. Ce havre de paix longtemps rêvé, depuis le jour où l’ombre de l’adolescence a commencé à obscurcir mon innocence puérile. Il est un chemin, un sentier qui se fraie dans ton corps et dont j’aimerais tremper mon acuité pour y goûter ta saveur de quiétude et ton eau cyprine, somnifère par excellence. Un instant reposer ma tête et te connaître dans toute ton intégralité. Intégralement connu, pas ce pan d’illusion que tu projettes, pas ce morceau de toi que tu caches, pas ces refus et ces dilemmes psychologiques. Intégralement.

Je ne me rendis pas compte que j’étais assoupi depuis longtemps. Je sursautai et prêtais l’oreille. Seul le silence était resté avec un fragment  rescapé de toi qui s’accrochait à un quelconque clou de ma pensée. La chaleur était revenue et j’étais toute mouillée dans mon caleçon. Je crois bien qu’à mon réveil plus tard dans la matinée, j’écrirai un morceau de texte, si mon encre fuse encore et les mots aussi vitaux qu’à cette heure précise. 

L’écrivain qui pensa en de tels mots, s’endormit aussitôt, se laissant aller à la dérive sur des épaves oniriques sans trop grande importance. Au loin,  fort loin de lui, la fille dormait, calme et angélique. Sans une once de pensée pour l’écrivain.

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Eder Apollinaris Simphat

14/08/2017

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1 commentaire
  1. Rub's dit

    Très beau texte, j’aime
    C originel.💚

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