Cher, peu importe qui lit cette lettre

Cher peu importe qui lit cette lettre,

Si tu lis cette lettre aujourd’hui, c’est que cette fois je me suis pas loupée, ces dernières traces ont été les plus coriaces d’une longue liste. Et enfin cette voix dans ma tête ferme sa gueule.

Je ne suis pas triste en écrivant cette lettre, je suis plutôt calme sachant qu’après je ne serai plus là. J’en ai écrit beaucoup, des lettres dans ma vie mais seulement deux ont été des lettres d’adieu. La première, pour un garçon que j’ai aimé et la deuxième, celle que je suis en train d’écrire, pour la chance que je n’ai pas eue. Faut croire que j’étais convaincue de ça. Pour être honnête je n’ai pas vraiment aidé mon prochain et ça doit être pour ça qu’on ne m’a pas aidé en retour. J’avais tellement l’air d’une fille comblée, celle qui souriait tout le temps, mais bon…

Personne n’est en faute, sinon moi…

Je n’ai pas été assez forte, je n’ai pas su tenir bon. Après tout, j’ai tenu neuf ans, je crois que c’est largement assez.

Cela fait exactement neuf ans que la dépression tient compagnie à l’anxiété dans ma vie. Jusqu’à mes vingt-quatre ans j’ai pensé que l’anxiété était quelque chose de normale chez moi mais en réalité cette salope m’a bouffée la vie mais bon, là n’est pas le sujet. Le sujet c’est mon suicide…

Je suis peut-être lâche, après tout c’est ce que vous allez dire et je ne vais même pas vous expliquer les raisons qui m’ont poussé à le faire. Quiconque me connaît depuis plus de huit ans saurait les diverses raisons pour lesquelles j’ai flanché et je sais aussi que vous allez dire qu’il y avait d’autres solutions mais crois-moi je n’ai pas choisi la facilité, ça a été le choix le plus difficile de ma vie.

J’ai fait le pour et le contre une fois, et j’ai trouvé plus de raisons de rester que de partir mais pourtant je suis quand même partie. Je sais que c’est bizarre cette histoire. Comment peut-on trouver plus de raisons de rester en vie et se tuer quand même? Ben faut croire que les raisons n’en valaient pas la peine tant que ça. J’ai aimé et j’en suis contente, et on ne m’a pas toujours aimé en retour, tout du moins ils ont jamais su comment, ou peut-être qu’ils savaient mais qu’ils s’en foutaient. Quelle importance ? Je ne suis plus là ?

Des fois je me demande comment j’en suis arrivée là? Comment je peux m’infliger ça? D’autres fois, c’est la décision la plus facile à prendre pour dépasser ce qui était en  train de me bouffer. Et en même temps je savais aussi que ces coupures allaient me terrasser avant, ce qui est bien d’ailleurs…j’ai gagné face à vous, je me le devais.

A mes parents, j’aurais aimé être la fille parfaite, j’aurais aimé être une meilleure grande sœur, être une bonne amie

A toi, j’aurais vraiment aimé être la femme de ta vie, la mère de tes enfants et tout le reste…

J’avais pleins d’idées, je voulais faire tellement de choses, je voulais aider tellement de gens, je voulais tellement faire…mais la seule chose que j’ai réussi à faire c’est me foutre en l’air.

Kélida