Vivre en Haïti, c’est comme vivre dans une mythologie classique
Je vis dans un pays où je me suis tuée pour vivre
Si je me laisse aller, je le paierai de ma vie
Si je fais ce que j’aime, les affres me rendront ivre
Tout est dangereux, sans sens jusqu’à ce que je m’enfuis
Je ne peux même pas côtoyer demain
Car je ne sais pas s’il est vraiment le mien
Je reste dans l’ombre mortelle en silence
Espérant que l’espérance sera ma seule chance
On dit que je suis l’avenir du pays
Sans qu’ils ne veulent pas que j’existe
Je ne suis pas protégée, je suis haïe
L’assassinat-exitum des jeunes comme moi persistent
Qui lève le petit doigt pour les protéger ?
Qui leur dit que demain est à eux ?
Enfuis-toi ! le seul refrain logeant leur pensée
Pas de passion pour un pays où l’espoir est controuvé
Je peux avoir 24 heures mais pas plus
Même les 24 heures me font peur
Il ne faut pas espérer un surplus
Car un «pow » m’emporte comme une vapeur
Il suffira d’une oraison pour dire que ma vie était parfaite
Pendant que je n’ai même pas vécu une miette
Entrelacée dans les bras de la mort
J’arrive à voir que vivre était un tort
Vivre, une illusion à recoudre
Vivre, une contrefaçon
Vivre, une mauvaise leçon
Vivre, mon pays n’en a rien à foutre
In memoria, des jeunes haïtiens assassinés et disparus.
Ris’Aris