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J’espère que la fin du monde n’aura pas lieu.

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Mars 2020, et le covid qui pointe son nez…

Je rejoins la galerie. Ma femme me suit, la tendresse dans la voix, le refus dans le corps.

  • Ce n’est pas ça, du tout, Rodrigue.
  • C’est quoi alors ?
  • Cette maladie n’est pas un jeu, mon amour, on droit vraiment être prudent.

Je mets le regard ailleurs, l’air pensif. Entre le fer forgé, les mornes me regardent, irrités. Mon quartier, d’ordinaire, grouillant de vie, est quasiment vide.

—Pourquoi j’ai l’impression que je te force la main ? dis-je le regard, inquisiteur.

—Ne dis pas ça, je t’en prie.

—Ça va, Béa, ça va.

Béatrice et moi avons emménagé dans cet appartement de la Rue Paulin tout de suite après notre mariage. Nous n’avons pas été à l’hôtel pour notre lune de miel. Le prix des hôtels flambe pour un service de merde. Dernièrement, j’ai visité Le Roseau, l’hôtel le mieux réputé de la ville de Saint-Marc, ce que j’avais vu m’avait tout bonnement déconcerté. Céramiques fissurés par endroits. Toilettes mal entretenues. Ta poche qui doit parler bucks pour être invitée à la table sera consommée seulement par un flat screen accroché au mur et un grand lit avec un drap blanc. Pour ma lune de miel, j’avais décidé que chez moi, le coq chantera mieux. Valeur ajoutée : Un peu d’argent en réserve pour ma femme et moi.

Jusqu’ici, le coq n’a pas encore chanté. Le Coronavirus pointe sa queue au pays le 19 Mars, un jour avant notre lune de miel. Maudit jour. 20 mars déjà, bordel, je n’étais pas autorisé à toucher ma femme.

    —Béa, on est confiné dans cette maison depuis le 20 mars trésor, aucune chance que l’on soit frappé du virus.

    —Je sais, Roger, mais… attendons mon amour.

    Elle s’approche de moi, colle sa tête contre ma poitrine. Je respire. Putain, ce virus est venu pour moi. J’ai dû attendre depuis à peu près cinq ans. On n’a jamais fait l’amour ensemble, Béatrice et moi. Elle suivait les prescrits de ses parents. Après le mariage ! Après le mariage ! Pas besoin de dire à quel point j’attendais ce jour où nous allions pouvoir nous envoyer en l’air. 

Un homme passe dans la rue annonçant que la fin du monde est proche, que l’on doit accepter Jésus pour son sauveur personnel.

    —Au final, je dois attendre jusqu’à combien de temps Béa ?

    —Nous voilà depuis 7 jours ici, on va attendre jusqu’au 14ème jours, le temps d’incubation du virus. C’est d’accord mon amour ?

    Je respire à nouveau. Mon espoir est mince. Mon vrai confinement débute à partir de ce moment où je vais compter chaque seconde des 7 jours additionnels d’observation. Entretemps, j’espère que la fin du monde n’aura pas lieu.

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