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Un chrysanthème pour Anderson

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Ici chez nous, il fait exactement 2 heures tapantes. Au moment où ces hématophages font semblant dans les bras de Morphée, je prends le temps et le plaisir de graver ces quelques mots sur ce bout de papier, avec d’immenses espoirs que le vent les emportera jusqu’à ta porte. 

Pour te le dire de façon grosso modo, tu me manques. Tu manques à sa vie. Tu nous manques à tous. Par contre, ce n’est pas tout ! 

La semaine dernière, j’ai eu la chance de rencontrer celle qui allait officiellement devenir ta femme ; disons plutôt, j’ai rencontré ton ex. Non, pas ton ex ! Comment pourrais-je dire ton ex, alors que vous étiez encore en couple cet après-midi baptisé “après-midi aux allers sans retours” ? Après-midi souffle coupé. Après-midi aux espoirs perdus. Après-midi aux mille détresses. Après-midi au goût de fiel … 

Aujourd’hui tu n’es plus là, c’est  une évidence. Tu n’es plus de ce monde, ce n’est pas de ta faute. On t’a obligé à quitter cette maudite terre. Dans des circonstances  contraires, j’aurais sûrement été heureuse pour toi. Mais là, comment être heureuse sachant que tu es parti contre ton gré ? Non, tu ne méritais pas de partir si vite et encore moins de cette façon-là. On t’a obligé à partir comme un foutu étranger sur ton propre territoire. Tout ce que tu as eu l’occasion d’emporter avec toi, ce n’est qu’une partie de chaque personne qui te connaissait et qui t’aime. Tu nous laisses avec ce géant vide que rien ni personne ne pourra combler. 

Cette jeune fille, je ne la connaissais pas vraiment, tu le sais hein ? Cependant au bout de ces quelques minutes passées avec elle, j’ai pu constater à quel point elle est forte. Oui, forte. N’est-ce pas de cette façon-là que l’on décrit ces personnes dotées de cette capacité de croquer la vie à pleines dents ? Ces personnes qui apprennent  à vivre en dépit de la douleur et qui rayonnent en dépit des tribulations de l’existence ? 

Je demandais comment elle fait, et aujourd’hui encore je me pose une fois de plus cette même question. Je la trouve forte, je te le répète. Je trouve qu’elle dégage quelque chose… une sorte d’énergie positive. Elle respire la positivité même. Elle rayonne. Je ne peux pas te dire qu’elle est heureuse. Ça, je ne le sais vraiment pas.  Par contre, je vois en elle une battante. Une femme qui ne se laisse pas abattre. Quand tu es parti tu l’as fait avec une partie d’elle, mais avec l’autre partie elle est en train de se reconstruire. 

Elle parle de toi. Elle sourit. Elle parle de toi en souriant. Elle me parle de toi d’une façon que personne d’autre ne saurait le faire. Peut-être parce qu’elle te connaissait mieux que quiconque… 

Je ne dis pas qu’elle est guérie, non. Il se peut que la nuit elle pleure encore ta mort. Il se peut qu’elle pleure encore ton absence. Mais comme je t’ai dit, elle se montre confiante. Elle a la foi. Elle croit que le hasard n’existe pas. Que si tu n’es plus là, il doit forcément y avoir une raison. À part, bien sûr, celle de ces malfrats qui pensent que tu ne méritais pas de vivre longtemps sur ta terre natale. Que tu ne méritais pas de finir ta vie avec ta petite femme, un chien et de beaux enfants. Tu ne méritais pas de vivre, d’après eux. 

Eh, sans vouloir offenser Dieu ! Je ne pense pas que tu méritais cette fin horrible. Je me suis sentie mal pendant longtemps. Je me suis sentie mal pour tes amis. Je me suis sentie mal pour tes proches. Je me suis sentie mal pour tes amis proches. 

Aujourd’hui encore, je me sens mal. Je me sens mal quand je regarde tes photos, quand je regarde ton numéro de téléphone dans mes contacts et que je n’arrive pas à savoir si je dois l’enlever ou pas. Je me sens mal quand l’idée d’aller voir mon médecin me passe par la tête et que tu n’es plus là pour m’accompagner. Je me sens mal quand l’envie de parler ou de me plaindre me monte à la gorge et que je réalise que tu n’es plus là. Que je ne pourrai jamais te parler comme avant. Je ne pourrai pas te dire que j’ai besoin de te voir. Je ne pourrai plus jamais te demander de me prendre en photos. Tu me manques mon ami, mon frère. 

Je n’arrive pas à comprendre comment tu peux passer de cette personne extraordinaire a qu’un simple album de souvenirs pour plus d’un. Je n’y arrive pas. Et voilà pourquoi je me demande comment elle fait. 

Je l’ai déjà dit plusieurs fois : elle est forte. Et cela va au-delà d’une simple déclaration. Je vois réellement cette force en elle, voilà l’image qu’elle m’envoie. Mais tu sais ? Il y a des jours où je me dis que la force doit sûrement s’avérer insuffisante, et ce qu’il faut à cette femme c’est TOI. Elle a déjà tout pour elle, et ce qui manque à sa vie c’est uniquement TOI. Mais, pourras-tu en faire quelque chose ? Et si tu devenais son ange gardien ? Pourras-tu la voir heureuse avec un autre homme ? Oui, je sais. Je sais que tu veux la voir heureuse. Je sais que tout ce qui compte pour toi se résume à son bonheur ; d’abord le bonheur des autres. Ça a toujours été comme ça avec toi. 

Et, tu veux que je te dise ? Au début de cette tragédie, on m’avait demandé de mettre quelques mots sur ta personne. Écrire quelque chose à propos de toi, mais je n’y étais pas arrivée. Je ne savais quoi écrire, je n’arrivais pas à trouver des mots. Te parler, oui. Mais parler de toi dans ces circonstances, non. Je n’y arrivais pas. Je ne voulais surtout pas parler de toi au passé. Je ne voulais pas te laisser dans le passé. Tu mérites une deuxième chance. Tu mérites d’avoir une vie éternelle à l’intérieur de ceux qui t’aiment. Nous voulons tous te donner cette autre forme de vie. Tu le mérites.

Bon, peut-être que je parle trop. Mais avant de terminer, je voudrais que tu mes dises comment ça se passe de l’autre côté. Explique-moi le trajet que tu as eu. Dis-moi tout. N’as-tu pas trop souffert ? Que ressent-on quand on est en train de mourir ? On ressent quoi une fois mort ? De l’autre côté, c’est comment ? La vie est-elle meilleure ? Dans ton nouveau monde, n’y a-t-il pas de stigmatisation, le racisme, la guerre, la faim, la corruption ? N’y a-t-il pas de guerre entre les pays ? Entre des gangs peut-être, non? Le ciel est-il gangstérisé ou dans cet endroit la paix règne ? Le bonheur existe-t-il dans sa totalité ou du moins c’est un peu comme ici avec des jours bons et des autres moins bons? Voudrais-tu adresser quelques mots à celle qui allait devenir ta femme ? Si tu avais quelque chose à lui dire, ça aurait été quoi ? 

J’ignore si, un jour, tu pourras lire ces lignes ou encore répondre à toutes ces questions, mais je t’écris quand même. Je t’écris pour moi, pour elle, pour ta famille ainsi que tes amis qui pensent encore à toi, après tous ces mois passés. Je t’écris car tu me manques. Tu manques à sa vie. Tu manques à notre vie. Tu manques à la vie de chaque personne qui a eu, un beau jour, la chance de croiser ton chemin.  

Ange Dany JOSEPH 

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1 commentaire
  1. X dit

    Waw ! Cette belle jeune femme l’a encore fait, avec une si belle plume! Dany, il serait très fier de toi, je te remercie pour tout. Rendez-vous au sommet.

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