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Sous la couverture du vodou

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SOUS LA COUVERTURE DU VODOU

 

 

 

 

 

 

 

Prologue

2 Décembre 2019, Minuit 15

 

Le sang giclait sous ses doigts gantés d’une double épaisseur de latex comme s’il s’agissait d’un fin chirurgien. Le liquide vital s’échappait de l’incision du thorax qui allait s’élargissant et ruisselait sur la peau viable, séchant en aval tandis qu’en amont les courants nouvellement formés se heurtaient aux premiers et bifurquaient pour former ainsi d’autres branches rougeâtres sur toutes la surface du cadavre effaçant de plus en plus les parties cutanées non encore entachées; et lui il tailladait, il incisait, il découpait, il arrachait les restes de ce qu’avait été un ivrogne d’une vingtaine d’années qui s’était égaré dans les couloirs sombres et ténébreux des rues douteuses de la ville de Léogâne. Les os craquaient maintenant ; comment les appelaient t-ils déjà? Les côtes? Et dire qu’il y en a qui soutenait que la femme venait de ceux-ci, pensa le pseudo-chirurgien, il ricana bruyamment d’un rire sinistre dans la nuit sachant pertinemment que personne ne viendrait le déranger dans sa besogne à moins bien sûr qu’il ne s’agisse d’un fou, ce serait bon pour lui, deux pour le prix d’un, il avait encore une pêche d’enfer et il se sentit encore l’énergie de se faire un autre Macchabée. Il continua à s’enfoncer dans l’océan de chair, de veines, d’artères pour finalement aboutir au cœur qui battait encore, la cage thoracique le contenant laissant s’échapper une vapeur chaude exhalant l’odeur de chair crue et fade. Après tout, ils avaient peut-être raison de dire que la femme venait des côtes, n’étaient-ce pas ceux-ci qui protégeaient le cœur si l’on devait bien sûr considérer le cœur sous son aspect symbolique; il ricana de plus belle, il se trouvait romantique ce soir; après tout, après le sacrifice, il serait riche autant commencer à célébrer. De son bistouri, Il découpa précautionneusement artères et veines afin de dégager le cœur, toujours battant, et prit doucement ce dernier. Ce faisint, il répandit par les veines pulmonaires, les artères pulmonaires et l’aorte le contenu de cet organe noble, entachant le sol autour de lui d’un rouge rendu mauve par le bleu lunaire qui filtrait par les toits débordant sur l’étroite ruelle, témoin du prélèvement cardiaque. La vie semblait s’écouler lentement de l’organe fait de muscles qui faiblissaient à vue d’œil; l’homme ganté déposa pourtant précautionneusement le cœur dans une boite de fer remplie de glaces qui semblait attendre patiemment le précieux organe. D’accroupi qu’il était auprès du cadavre, l’homme se leva et, non sans avoir empoigné sa boîte rendue précieuse par le cœur, s’apprêta à partir quand son téléphone sonna; il farfouilla un peu dans les poches de son jean, le sortit de la poche de derrière et décrocha en souriant, reconnaissant le numéro de son Boss par le petit écran bleu qui l’affichait:

– Sa k gen la chef?[1] Demanda-t-il en créole avec une voix de tonalité grave correspondante à ses traits durs qu’on ne pouvait pourtant que deviner dans la pénombre.

 – Tu as la chose? Répondit une voix qui semblait pressé.

– Je l’ai, il est frais et vient d’un jeune. Je n’en ai jamais vu d’aussi beau et d’aussi, l’homme s’interrompit le temps de déglutir et de lécher ses lèvres, juteux.

– Je l’espère pour toi. Ton dépôt de la dernière fois n’a pas été accepté par notre Dieu.

 – Je saurai le satisfaire cette fois-ci par ce sacrifice.

 – Tu as tant prié, il ne te reste que ce petit sacrifice.

 – Je le sais, répondit l’homme qui déjà commençait à rêver de sa récompense.

 – Donc, je serai au point de rendez-vous pour le travail

– J’y serai. Il sera fier de moi. N’ayez crainte.

 Trois phrases, trois déclarations, trois affirmations, trois certitudes; après tout, le Dieu qu’il servait avait toujours réclamé des cœurs viables, voire en très bon état, des cœurs de jeunes de préférence, des cœurs non encore ischémies. Cette fois, il tenait le bon bout; il ferma les yeux pour rêver un peu et voir dans son rêve la magnifique maison qu’il avait demandé à son Dieu, les voitures, les femmes qui iraient avec. Le déclic d’un téléphone qu’on raccrochait le ramena à la réalité; il cligna des yeux comme s’il avait été vraiment endormi, remit son téléphone dans sa poche et laissant derrière lui le corps sanglant et sans vie du jeune homme dans la ruelle sombre où la lune avait peine à y faire régner un peu de lumière, il partit d’un pas cadencé comme imprimé d’une danse de joie, sa précieuse boite sous son bras droit et ses outils de pseudo-chirurgiens dans une plus petite boite balançant au rythme de ses pas à son côté gauche au bout d’une ceinture passée en bandoulière; tout semblait aller pour le mieux, il ricana sinistrement dans la nuit et chanta ce credo vodou dans sa langue maternelle en prenant bien soin de lui imprimer cette intonation caractéristique du vodou consistant en un crescendo fulgurant suivi d’une pause précédant un decrescendo brusque:

– Lè bouda fache, kote l chita? Atè! [2]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 1

Début d’enquête

2 Décembre 2019, 9h 45 Am

 

Dieubon Dieuvilmé, commissaire de son état, durant sa longue carrière s’étalant sur une vingtaine d’années avait déjà vu des macchabées beaucoup plus glauques que celui qui s’étalait à ses pieds en ce matin d’un Décembre ensoleillé dans cette île des Antilles appelée Haïti. Le cadavre gisait dans un corridor sombre que la police locale s’était accaparé empêchant les badauds ou les journalistes de venir jouer aux vautours autour du beau jeune homme d’une vingtaine d’années dont le thorax ouvert témoignait de l’absence de l’organe vital qu’était son cœur.

  • -J’en ai fini ici dit simplement le commissaire en détournant ses yeux du cadavre et ajouta cependant par décence. Veuillez le recouvrir et l’emporter vers la morgue pour les suites de l’affaire. Les ambulanciers s’affairèrent autour du jeune homme et bientôt, ce dernier ne fut plus, aux yeux des assistants, qu’un grand paquet blanc dont la fermeture éclair remontée ajoutée à l’ensemble renvoyait à l’image d’un cocon. C’était cela qui troublait Dieubon, plus que tout autre chose, plus que la violence de la mort, plus que l’organe manquant. C’était la jeunesse de la victime qui jamais plus ne gouterait aux plaisirs de la vie.

Le commissaire se rendit à sa voiture, en ouvrit la portière puis en s’installant confortablement sur le coussin moelleux de son siège, il entreprit de relire les informations qu’il avait dû soutirer aux badauds car, malheureusement, la victime n’avait rien sur lui qui put l’identifier.

–  Heureusement que les badauds l’avaient reconnu, pensa Dieubon. Sinon, ça aurait été la galère.

Il s’appelait Saint-Juste Jean et habitait à une dizaine de minutes de la scène du crime. Dieubon démarra, décidé à se rendre à l’adresse qu’il avait inscrite dans son calepin.

Les maisons défilaient à vive allure, au fur et à mesure que le commissaire accélérait mais ce dernier ne prêtait guère attention à ce tableau d’habitats construits anarchiquement car il était occupé à penser à la souffrance des parents de la victime quand il allait leur annoncer cette terrible nouvelle si, bien sûr, ces derniers n’étaient pas déjà au courant ; car en Haïti, il est bien connu que les nouvelles se répandent d’une manière particulièrement rapide.

Le parcours fut de très courte durée et Dieubon s’arrêta devant la petite maison qui semblait correspondre à l’adresse qu’il recherchait. Il descendit de sa voiture, s’avança vers une misérable porte faite de bois et frappa trois coups secs et brefs. La réponse ne se fit guère attendre au travers de la porte :

– Oui. Se kiyès ?[3]

– Je suis le commissaire Dieubon Dieuvilmé et j’aimerais vous entretenir au sujet d’un de vos proches, Jean Saint-Juste, s’il vous plait.

La porte s’entrouvrit et Dieubon put voir à l’embrasure de la porte le visage ravagé par le temps d’une vieille d’une soixantaine d’années.

– Que me voulez-vous ? Demanda cette dernière brusquement comme si elle n’avait pas compris la requête du commissaire.

En brandissant son badge, Dieubon croyait pouvoir intimider la petite vieille mais cette dernière ne broncha pas et Dieubon crut bon d’ajouter :

– Jean Saint-Juste est mort et j’aimerais avoir des infos le concernant.

Toujours pas de réaction.

– Avez-vous compris, au moins, ce que je viens de dire ? Demanda Dieubon pour la porter à réagir. Finalement, cette dernière ouvrit une bouche édentée pour lâcher vaguement :

– Comme ça, selon ce que prétendaient les rumeurs, ce bon à rien est mort ?

Etonné par cette réaction inattendue, Dieubon poursuivit :

– Quel est votre lien avec cet homme ?

– Je suis sa belle-mère en ayant épousé son père si vous voulez tout savoir.

– Cela n’explique guère votre froideur à l’égard de ce malheur. Néanmoins, j’aimerais savoir s’il avait des ennemis.

– Je ne crois pas. Répondit-elle après avoir rapidement réfléchi. Mais nous l’avions averti quant aux dangers qu’il encourait en sortant tard le soir.

– Que voulez-vous dire ? Demanda le commissaire, intrigué par cette dernière phrase.

– Des sacrifices humains se font le soir, commissaire. Des rumeurs prétendent qu’un peu partout, à travers le pays, des cas similaires ont été signalés.

Dieubon Dieuvilmé ne croyait guère en ces légendes créées de toutes pièces pour effrayer les enfants et avant que la vieille ne put continuer sur cette lancée, il l’interrompit brusquement :

– Comment pouvez-vous croire en de telles divagations ? Il s’agit, tout simplement, d’un meurtre.

– Non !

La vieille dame avait presque hurlé. Surpris, Dieubon arrêta pour entendre son interlocutrice lui dire :

– Pourquoi on aurait pris son cœur, selon vous ? S’il s’agissait d’un meurtre banal, je pense que le meurtrier aurait laissé son cœur tranquille.

À la question, Dieubon ne sut que répondre mais la dernière phrase l’interpella :

– Comment savez-vous pour son cœur? Demanda-t-il intrigué. La vieille ne parut nullement déconcertée par la question et répondit du tac au tac:

– Les nouvelles circulent vite, commissaire. Beaucoup plus vite que la police, en tout cas.

Le commissaire ignora la pointe pour poursuivre avec son interrogatoire:

– Maintenant que vous le dites, j’ai vraiment entendu parler de cas similaires un peu partout sur le territoire.

– Oui, commissaire. Ils sillonnent le pays en quête de leurs proies. Leurs sacrifices requièrent, non seulement, l’usage d’un cœur mais ce cœur doit être celui d’une jeune personne.

Ces flots d’informations se bousculaient dans la caboche du commissaire qui n’acceptait guère qu’on puisse soutenir de telles inepties mais pour convier, quand même, la vieille à vider son sac, il demanda à brule-pourpoint :

– Ce « ils » désignent qui ? Et ces sacrifices servent à quoi ?

La vieille dame regarda Dieubon d’une étrange façon avant de sourire tout en le narguant :

– Etes-vous seulement haïtien, commissaire ? Ne savez-vous pas que certains adeptes du vodou pratiquent le sacrifice humain, soit pour apaiser la colère des loas[4], soit pour obtenir d’eux certaines faveurs ?

– Mais j’ai toujours pensé que le vodou était une religion comme une autre qui ne s’embarrassait pas d’aussi ignobles sacrifices ou pour le moins qui pratiquait le sacrifice d’animaux, au pire.

– Vous vous trompiez donc.

Dieubon ne croyait toujours pas à ces élucubrations mais il y avait, peut-être, une piste à suivre dans cette conversation et c’est pourquoi il continua :

– Donc, vous avancez que des vodouisants pratiqueraient le sacrifice humain en se servant du cœur des victimes ?

– Exact, commissaire.

– Et vous pensez que votre beau-fils aurait été victime d’un de ces sacrifices ?

– Il n’y a aucun doute, à en croire les faits.

– Alors, dites-moi qui vous soupçonneriez à avoir fait ça ?

– Les coupables pourraient se compter par milliers. Car, chaque vodouisant désireux d’apaiser la colère d’un Loa ou obtenir une faveur de lui est susceptible de se laisser emporter par la tentation d’accomplir un sacrifice.

– Des suspects à profusion, en effet. Soupira Dieubon, dépité.

– Toutefois, il existe un moyen de parvenir à localiser votre coupable.

– Lequel ? Demanda Dieubon, les yeux pleins d’espoir.

– Un simple adepte du vodou ne peut accomplir seul le sacrifice. En effet, il faut qu’un officier vodou investi de l’autorité du loa fasse le sacrifice. Nous parlons d’un houngan ou d’une mambo, les prêtres et prêtresses du vodou.

– Donc, je n’aurais qu’à me concentrer sur les houngans ou mambo de la zone, ce qui réduirait largement mes champs de recherche.

– Exactement, commissaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 Chapitre 2

Haute surveillance

2 Décembre 2019, 12h 50 PM

 

– Vous l’avez ? Demanda la voix masculine, rauque et disharmonieuse à l’autre bout du fil.

– Oui. Nous l’avons. Il ne tient qu’à vous de venir le chercher ce soir lors de la cérémonie. Répondit Acelhomme Desjustes, houngan de son état. Je l’ai reçu ce matin même.

– Pourquoi ne pas me le donner maintenant ? Demanda la voix, clairement énervée de ce délai contrariant largement ses projets.

– Je dois entretenir mes fidèles dans la crainte de leurs dieux et ce soir lorsque la transaction se fera, il ne fait aucun doute que leur crainte sera renouvelée.

– Pourquoi cela a tant d’importance à vos yeux ? Questionna la voix, adoucie par cet argument.

– Cette crainte est importante car elle fait grandir leurs convictions et ainsi les affaires prospèrent.

– Je vois. Répondit la voix devenue beaucoup plus conciliante. En tout cas, veillez à ce que notre transaction se fasse ce soir sans faute.

– N’ayez crainte. Assura Acelhomme Desjustes. Tout sera parfait.

A l’autre bout du fil, Diego Maria, personnage raffiné d’une quarantaine d’années d’origine dominicaine, venait de raccrocher après les derniers mots de son correspondant qui résonnaient encore dans sa tête. Il sourit puis se laissa tomber sur son fauteuil moelleux posé au centre d’une magnifique chambre, c’était l’avantage de réserver dans un grand hôtel tel que le Warriot situé dans l’une des villes les plus intéressantes d’Haïti, Pétion-Ville. Si tout se passe bien, pensa Diego, je pourrai quitter ce maudit pays demain, au plus tard. En jetant un coup d’œil par la fenêtre, il regarda un moment le paysage qui s’offrait à ses yeux puis il les en détacha brusquement. Depuis le temps qu’il voyageait en Haïti, il l’avait connu comme étant l’un des plus beaux pays qu’il ait visités mais depuis un certain temps, a cause, entre autres, de la turpitude de ses dirigeants, Haïti avait connu une décadence importante au point que le nombre annuel de touristes avait largement diminué. Le pays était, désormais, en proie à la terreur et à la misère et si rien n’est fait, d’ici quelques années, pensa Diego, même ses paysages magnifiques ne seront qu’un vague souvenir.

– Que m’importe, murmura-t-il. Aujourd’hui, je fais ma dernière affaire et je laisse définitivement ce pays pour jouir d’une retraite bien méritée.

À cette dernière phrase, il ricana, seul, durant un long moment.

 

  •  

 

À une dizaine de Kilomètres de là, John Calvin venait, quant à lui, d’enlever ses écouteurs et en les déposant sur la table vernis sur lequel reposait des dispositifs d’espionnage de toutes sortes et des armes de différents calibres, il tourna son visage encadré de cheveux blonds et doté d’iris profondément bleus vers ses compagnons qui attendaient que ce dernier prenne une décision :

– Si ce que nous venons d’entendre se vérifie ce soir, alors, nous les tenons. Préparez-vous pour l’acte final.

 

 

 

Chapitre 3

Dans la gueule du loup

2 Décembre 2019, 2h 29 PM

 

Dieubon Dieuvilmé conduisait prudemment sur cette route cahoteuse, tout en se demandant comment il avait pu accepter de suivre cette piste qui ne le mènerait surement nulle part. Mais, d’un côté, il savait qu’il ne devait négliger aucune piste aussi insignifiante pouvait-elle être et de l’autre côté, son instinct de policier le poussait à explorer cette dernière. Il était donc résolu à en finir au plus vite avec cette folle histoire quand il quitta la route asphaltée pour prendre le chemin en terre battue menant vers des habitations anciennes en dehors de la ville. Après une course dans une poussière dense, il arrêta sa Mercedes, désormais, poussiéreuse à l’ombre d’un manguier qui bordait la route. La belle-mère lui avait indiqué l’adresse de l’houngan le plus proche de la ville si tant est que l’on pouvait parler d’adresse lorsque cette dernière avait déclaré :

« Vous parviendrez à un carrefour en sortant de la ville et là, vous emprunterez le sentier en terre battue pendant une dizaine de minutes jusqu’à ce que vous aperceviez le premier manguier.  L’édifice de l’houngan en question sera, alors, facilement reconnaissable. Non loin du manguier, il est entièrement peint en bleu. De toute façon, n’importe quel passant peut vous renseigner sur l’homme le plus craint de cette zone où vous vous rendez. »

– Acelhomme Desjustes, murmura Dieubon. Voilà un nom hors du commun pour un homme tout aussi bien hors du commun.

Il descendit de la voiture ayant localisé non loin de là l’édifice bleu qu’on nomme péristyle en Haïti et qui constitue le temple vodou. Dieubon s’avança vers ce dernier tout en ressentant un frisson inexplicable. Il n’avait jamais pénétré un péristyle auparavant car les histoires mystiques et terrifiantes qui s’y rattachaient comme les histoires de lougawous[5], de zombies[6] ou encore de sacrifices humains l’en dissuadaient inconsciemment. Pourtant, il savait que le vodou était une religion comme une autre et que cette dernière constituait l’âme haïtienne, en quelque sorte. Mais que voulez-vous, certaines histoires peuvent faire flancher le cœur des hommes les plus courageux.

Arrivé au niveau du portail sur lequel des symboles qu’on nomme vèvè[7] étaient savamment tracés, Dieubon frappa deux coups brefs comme s’il voulait en finir au plus vite. Pas de réponse. Dieubon retenta l’expérience et cette fois-ci, une voix étonnamment douce répondit :

– Oui. Se kiyès ?

Dieubon s’attendait à cette question et pour jouer la prudence il répondit simplement :

– Je suis Dieubon Dieuvilmé. J’ai certains problèmes d’ordre financier mais on m’a dit qu’Acelhomme Desjustes pouvait m’aider.

La porte s’ouvrit pour révéler une jeune et magnifique noire dont les lèvres pulpeuses agréablement fardées, que surmontait un nez fin, esquissaient un sourire timide tandis que les yeux d’un brun prononcés n’osaient pas croiser le regard du commissaire qui, lui, était ébloui et étonné de trouver une aussi magnifique créature en ces lieux sombres. La femme porta les mains à ses cheveux crépus qu’enveloppait un mouchoir que des motifs du même type que le « vèvè » de la porte embellissait.

– Je doute que vous puissiez le voir, monsieur.

– Ce serait dommage. On m’a vanté ces exploits et la plupart des gens qui l’ont contacté sont satisfaits de ses services selon ce que l’on m’a dit.

– Je n’ai pas dit que vous ne verrez pas mon mari mais il se peut que ce soit difficile pour aujourd’hui. Répondit la femme qui semblait être un peu embarrassée. Veuillez entrer, je lui en toucherai quelques mots et s’il peut vous voir, je vous le ferai savoir.

Bien plus que la nouvelle selon laquelle la belle créature créole était mariée à l’houngan Desjustes, Dieubon fut beaucoup plus surpris par le spectacle qui s’offrit à lui lorsqu’il entra dans la cour du péristyle. En effet sur tous les murs de la propriété des vèvè s’étendaient à perte de vue et des dessins de crânes humains ornaient le sol tandis de la peinture rouge que Dieubon ne put s’empêcher de comparer à du sang s’étalait par terre pour former les quatre points cardinaux.

– N’ayez crainte. Ce n’est guère du sang.

Dieubon venait brusquement d’être rappelé à la réalité par une voix masculine et chaleureuse. Il avait été comme envouté par l’apparence de la cour et de ce fait, il n’avait pas prêté attention à la dame qui s’était éclipsée pour appeler son mari. Dieubon projeta donc son regard vers celui qui avait parlé pour apercevoir un homme d’une cinquantaine d’années dont le visage profondément noir qu’encadrait une fine barbe noire, projetait un accueil qui semblait bienveillant à Dieubon. Ce dernier n’éprouvait cependant guère d’empathie à l’égard de cet homme.

– Je le sais bien. Dit Dieubon en souriant hypocritement. Vous êtes Acelhomme Desjustes, c’est bien ça ?

– Oui. Je le suis. Et vous ?

– Je suis Dieubon Dieuvilmé. On m’a dit que vous pourriez m’aider. Répondit Dieubon en guettant la réaction de l’houngan.

– Cela va dépendre du problème en question, monsieur. Mais ne restez pas ici, veuillez me suivre à l’intérieur.

Il n’aurait pas été de bon ton que Dieubon refuse cette invitation, il accepta donc de suivre l’houngan dans sa demeure tout en ressentant une certaine terreur à l’égard de ce lieu mystique. En effet, il y faisait sombre car il n’y avait guère de fenêtre par laquelle le soleil put apporter sa lumière bénéfique et les grosses bougies rouges disposées çà et là de l’allée ne suffisaient pas à éclairer pleinement cette dernière. Les deux hommes parvinrent à une porte de bois que le houngan ouvrit pour révéler le lieu où il recevait les gens pour discuter affaire avec eux.

– Veuillez-vous asseoir, monsieur.

Desjustes venait de convier Dieubon en ces derniers termes mais ce dernier ne vit aucune chaise sur lequel s’asseoir, il resta donc un moment debout, perplexe, jusqu’à ce que Desjustes le remarquant lui désigna un coussin à même un sol douteux. Dieubon s’assit et commença à débiter son histoire inventée de toutes pièces :

– J’ai cruellement besoin d’argent, vous savez ce que c’est. Comment pouvez-vous m’aider ?

– Vous allez droit au but, vous. J’aime ça. Répondit Desjustes avec un sourire révélant des dents d’une blancheur éclatante. Mais je doute que vous puissiez satisfaire au sacrifice que cela implique.

– Dites-moi, je suis prêt à faire n’importe quoi. Implora Dieubon, ancré dans son jeu d’acteur.

– N’importe quoi, vous dites? À vous voir, on ne dirait pas que vous seriez prêt à accomplir le sacrifice qui s’impose.

– Je pense l’être, pourtant !

Le houngan se contenta de sourire une nouvelle fois puis, après quelques secondes d’un silence pesant, il répondit:

– Vous savez, monsieur Dieuvilmé. J’en ai entendu plusieurs déballer cette phrase hâtive selon laquelle ils seraient prêts à tout. Sachez que la plupart n’ont jamais eu le courage d’aller jusqu’au bout. Pourquoi seriez-vous différent?

– L’un de nos proverbes créoles, monsieur Desjustes, dit justement ceci: « chen jennen mòde! »[8]. C’est vous dire à quel point je me retrouve dans une situation où je ne puis plus faire marche arrière. À ce stade, je ne peux que consentir aux sacrifices qui s’imposent et ce, quels qu’ils soient.

– Je suis bien tenté de vous croire. Cela dit, mes méthodes nécessitent une grande discrétion et une obéissance aveugle. Seriez-vous prêts à cela?

– Au point où j’en suis, je ne puis qu’accepter les termes que vous me proposez.

– Eh bien, ce soir, apportez-moi le cœur d’un homme ou d’une femme de préférence jeune et grâce à cela j’offrirai un sacrifice à notre dieu qui, je pense, sera libéral, ce soir.

Dieubon savait que tout ce qui allait suivre ne faisait guère parti des méthodes généralement admises dans la police haïtienne mais ayant assez entendu, il dégaina son arme et en le pointant sur l’houngan, il lui dit :

– Ce ne sont guère encore que des paroles que j’ai pris le soin d’enregistrer sur mon téléphone mais cela suffira amplement à vous faire emprisonner, je pense. Vous êtes donc en état d’arrestation.

Au lieu d’être surpris, Desjustes partit d’un éclat de rire machiavélique en prononçant le nom complet et la profession de celui qui le tenait en joue :

– Commissaire Dieubon Dieuvilmé.

Étonné par ce revirement soudain d’une situation qu’il croyait maitriser, Dieubon begaya une interrogation:

– Comment savez-vous qui je suis?

– Quand la belle-mère de Jean Saint-Juste m’avait dit par téléphone que j’allais recevoir la visite d’un commissaire, je n’y croyais pas trop car la plupart ont peur pour leur peau et d’autre part, je ne croyais pas pouvoir profiter d’un second cœur aussi facilement. Et pourtant, vous voilà !

Une sueur froide coula le long de l’échine du commissaire car la menace se précisait. Il était attendu. Il n’était guère préparé à cette situation qui jouait en sa défaveur. Il se força à garder son calme.

– Que vient chercher la belle-mère de Jean Saint-Juste dans cette histoire? Demanda t-il pour gagner du temps et jauger la situation.

Acelhomme Desjustes était conscient de la menace qu’il représentait pour le commissaire. Il savait qu’il avait un avantage. La peur qu’il lisait dans les yeux de Dieubon lui confirmait qu’il maitrisait la situation. Il répondit donc calmement:

– Cette femme est une femme remarquablement intelligente. Elle a comploté l’assassinat de son beau-fils et en voyant en vous une potentielle victime, elle vous a envoyé à moi pour que je puisse arrondir mes bénéfices. Elle sera bien récompensée par notre dieu. Elle savait, en vous voyant, que vous ne résisteriez pas à poursuivre une piste toute tracée. Je crains, commissaire, que cette affaire ne soit la plus courte à laquelle vous ayez jamais été confronté dans votre carrière.

Et en disant cette dernière phrase, il fit un simple geste de la main. Dieubon apeuré par ces mots et ce geste hurla :

– Ne bougez pas où je tire.

C’était sans compter sur le colosse tapi dans l’ombre attendant le signal de son maitre. Au signal de Desjustes, il s’avança rapidement sur Dieubon pour lui assener un coup fatal mais Dieubon sentant une présence derrière lui, se jeta sur le côté et se releva afin de pouvoir mieux contrôler la situation et tourner ainsi le canon de son revolver vers la menace qui s’avançait rapidement :

– Ne bougez pas ! Hurla Dieubon.

Le colosse ne semblait pas avoir entendu. Le regard vide, la bouche entr’ouverte il se jeta sur le commissaire, malgré la menace du canon pointé sur lui ; Dieubon n’eut d’autres choix que de tirer. La balle effleura l’épaule du colosse qui ne lâcha même pas un gémissement tout concentré qu’il était à vouloir satisfaire son maitre en tuant le commissaire. Il lança un direct du droit en direction du commissaire, celui-ci, surpris, le reçut violemment sur la mâchoire qui se brisa en un craquement sinistre. Sonné par la violence du coup, le commissaire tituba mais il se reprit, malgré tout, et essaya de rediriger encore une fois, sur le colosse, son arme qui semblait maintenant lui peser des tonnes ; il tira quand même une seconde fois mais le coup ne porta pas et le colosse lui assena un autre direct en pleine face. Cette fois-ci, le commissaire tomba à la renverse et au moment où il sombrait dans l’inconscience étant emporté par un mal de crâne intolérable, il entendit l’houngan Acelhomme Desjustes ordonner à son homme de main :

– Ne le tue pas maintenant ! On le fera lors de la cérémonie de ce soir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 4

Le dernier sacrifice

2 Décembre 2019, 10h 30 PM

 

Les tambours résonnaient et faisaient désagréablement vibrer le tympan de Dieubon qui se réveilla pour se retrouver ligoté, torse nu, à un poteau au milieu de la cour qui l’avait tant fasciné lorsqu’il avait dû le traverser auparavant. Il faisait noir maintenant et la lune envoyait déjà sa lumière bleue sur cette cour à découvert dans laquelle six personnes vêtues de blancs et de bleu qui dansaient au rythme des tambours tout en constituant un cercle autour d’un grand feu qui illuminait pleinement la cour. Tous, ils se trémoussaient, se cabraient en agitant leurs membres dans une danse frénétique. Une danse dans laquelle ils semblaient s’adonner corps et âmes comme si le son du tambour s’amalgamait avec eux en les pénétrant par leurs pores. Le tambourineur entonna un chant, un hymne du vodou dédié à Legba. Tous, alors, reprirent en chœur tout en continuant leur danse effrénée. La cour fut comblée par ces voix d’hommes et de femmes qui reprenaient à l’unisson dans une harmonie presque parfaite les mots lancés en l’air par celui qui menait la danse.

Dieubon regardait, apeuré, la scène. Il frémit, plus par peur que par la brise du soir qui caressait sa peau. Un cri, semblant être celui d’une femme, retentit. La femme, en question, fut prise d’une convulsion sous les yeux d’un Dieubon devenu pâle de terreur. Yeux révulsés et bouche entr’ouverte, elle manifesta des tremblements incontrôlables tandis que ses membres s’étiraient dans tous les sens comme si elle voulait s’agripper à quelque chose ou à quelqu’un. Les autres formèrent un cercle autour d’elle et continuèrent leur danse de plus belle. Pendant un moment d’accalmie, le regard du commissaire croisa celui de la femme. Jamais Dieubon ne saurait décrire ce qu’il y vit. Un flot d’émotions contradictoires l’étreignit à cet instant précis. Était-ce à cela que ressemblait la mort? Sa respiration s’accéléra, il se mit à suffoquer comme si le regard de la démente l’empoignait par la gorge et l’étranglait. Dieubon détourna les yeux de la femme et la pression se relâcha.

Un homme imposant, vêtu lui aussi de blanc, de bleu et dont la tête était enserrée dans un mouchoir rouge s’avança au centre de la cour près du poteau qui retenait Dieubon prisonnier. Il leva les mains vers le ciel et alors un silence de mort se fit :

– Mes frères et mes sœurs, ce soir, grâce aux sacrifices que vous avez consentis, notre Dieu va largement nous récompenser. Elza, avancez !

Une femme se détacha des six personnes qui avait arrêtées leur danse et qui écoutait leur prêtre craintivement en la personne d’Acelhomme Desjustes. En passant près des flammes, Dieubon parvint à reconnaître le visage de cette femme, la belle-mère de Jean Saint-Juste.

– Avez-vous sciemment offert en sacrifice Jean Saint-Juste ? Demanda l’houngan.

La femme répondit par l’affirmative, sans broncher. Cette réponse et cette absence de remords donna la nausée à Dieubon qui cracha de dégout.

– Notre dieu saura vous récompenser Elza ! Assura Desjustes qui ajouta : Dalvilmar, avancez !

– Oui, papa ! Répondit une voix rauque.

Il s’agissait de la voix d’un homme d’un âge mûr. Ainsi, Desjustes Acelhomme ne pouvait possiblement être son père mais si l’homme l’avait appelé « papa » c’était par respect de l’autorité du prêtre que les adeptes du vodou reconnaissaient comme une figure paternelle. Davilmar s’avança donc d’un pas assuré vers le prêtre qui lui posa la même question que celle posée à Elza précédemment. Davilmar répondit par l’affirmative et Desjustes ajouta :

– Tu es la main par laquelle le cœur de Jean Saint-Juste nous est parvenu et cela notre Dieu ne peut l’oublier. Il te récompensera avec largesse.

– Merci, papa. Remercia Davilmar en s’inclinant.

– Maintenant, il convient que je vous présente l’homme par le biais duquel notre Dieu nous a fait parvenir sa récompense. Monsieur Diego Maria, si vous voulez bien venir me rejoindre.

Habillé différemment des autres, un homme que Dieubon n’avait pas aperçu à cause de son champ de vision amoindri s’avança vers le houngan et se tint à sa hauteur tandis que Desjustes lui présentait une petite boite qui faisait penser à un petit igloo. Diego s’empara de la petite boite et tendit au prêtre un attaché-case.

– Recevez pour notre maitre cette humble offrande ! Déclara fortement Desjustes.

– Que sa bénédiction se déverse sur vous qui êtes ses serviteurs ! Répondit Diego avec un fort accent qui fit comprendre à Dieubon que cet homme n’était guère de nationalité haïtienne.

– Maintenant, si vous le voulez bien, nous allons vous faire don d’un deuxième cœur.

Dieubon sentit une peur insoutenable l’assaillir. Des larmes de terreur inondèrent ses canthus, ainsi il allait mourir là et disparaitre à l’insu de tous.

– Davilmar, je t’accorde de prélever le cœur de notre ami le commissaire. Dit simplement le houngan en jetant un regard narquois sur ce dernier.

– Merci Papa. Répondit Davilmar qui en s’avançant vers Dieubon dégaina un couteau effilé prêt à embrocher le commissaire de la lame de cette dernière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 5

De justesse

2 Décembre 2019, 11h 45 PM

 

Dieubon ferma les yeux pour ne pas voir la mort qui s’avançait sous les traits de Davilmar. Mais au moment où Dieubon était à portée de la lame assassine, un bruit sourd retentit et le portail de la cour se renversa dans un second bruit assourdissant, tétanisant les participants de la funèbre cérémonie. Plusieurs hommes vêtus de combinaison noire firent alors irruption dans la cour en pointant des armes de gros calibre en direction des vodouisants surpris et désemparés par cette attaque. Un homme d’une grande carrure se détacha des nouveaux arrivants et s’avança au centre de la cour en déclarant :

– Rendez-vous ! Nous résister serait pure folie.

La lumière des flammes éclaira le visage de ce dernier qui ne portait guère de cagoule contrairement à ses compagnons. Il était blond et son visage sévère ne semblait guère plaisanter. Personne ne fit un geste, comprenant parfaitement qu’il était impossible de résister à ces hommes imposants. Et c’est avec une facilité enfantine que les hommes en noirs ligotèrent tous les participants de cette veillée funèbre.

L’homme blond s’avança vers Dieubon l’ayant remarqué ligoté à son poteau :

– Qui êtes-vous ? Que faites-vous là ? Demanda-t-il sur un ton d’autorité qui n’admettait guère résistance.

– Je suis le commissaire Dieubon Dieuvilmé.

– Pouvez-vous vérifier vos dires ? Interrompit l’homme brusquement.

– Donnez-vous la peine de vérifier mon badge qui se trouve dans ma poche. Répondit Dieubon, profondément soulagé de la présence de cet homme.

L’homme s’exécuta, prit le portefeuille de Dieubon et vérifia le badge de ce dernier. Il sourit puis lui dit :

– Cela ne répond guère à ma deuxième question, commissaire. Que faites-vous là ?

– J’étais sur une enquête qui m’a conduit dans cette position peu confortable.

– Je vois. Laissez-moi vous libérer de vos liens.

Et joignant le geste à la parole, il libéra Dieubon qui le remercia vivement.

– Je suppose que vous vous êtes lancé sur les traces du meurtrier de Saint-Juste Jean.

– En effet, comment le savez-vous ?

L’homme ne répondit pas, tout de suite. Il parut réfléchir puis se lança dans une explication limpide et clair qui devait à jamais marquer la mémoire du commissaire Dieubon Dieuvilmé :

– Nous sommes sur la piste d’un large réseau de trafic d’organe qui prend diverses formes selon le pays dans lequel il prend place. Dans votre pays, commissaire, ce trafic d’organe représenté par cet homme appelé Diego Maria se fait sous la forme de votre religion, le vaudouisme. En effet, il est facile de faire croire à des ignorants qui croient profondément en des dieux que des sacrifices humains peuvent leur attirer la faveur de ces derniers. Dès lors, étant mu par cette conviction et voulant sortir de leur pauvreté économique, il n’est rien qu’ils ne seraient prêts à faire.

Dieubon ne sut que répondre, son cerveau étant submergé par le flot de ces révélations. L’homme blond continua :

– Voilà maintenant cinq ans que nous surveillons le réseau de trafic d’organes établi en Haïti et vous n’êtes pas sans savoir que des cas de disparitions ont été signalées au cours de ces dernières années et que des personnes mortes retrouvées avec le cœur manquant. Bien sûr, votre police pensant, sans doute, qu’il s’agissait de sacrifices humains n’a jamais voulu approfondir ces enquêtes. Mais, de notre côté, nous nous sommes intéressés à ces cas et c’est alors que grâce à notre enquête nous pûmes aboutir à ce résultat ce soir. Notre travail ne s’arrête pas là pourtant. Nous allons interroger ces personnes afin d’en tirer le maximum d’information et ainsi démanteler tout ce réseau sur le territoire haïtien.

– Mais qui êtes-vous ? Pour qui travaillez-vous ? Demanda Dieubon, encore sous le choc.

L’homme sourit et répondit :

– Mon nom n’est qu’un pseudonyme et il vous importe peu. Pour qui je travaille ? Disons juste que je travaille pour des organisations internationales.

 

Kerlintz Morantus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

FIN

[1] Comment ça va, chef?

[2] Proverbe créole traduit littéralement comme suit:” Quand les fesses se fâchent, où s’asseyent-ils? Par terre »

[3] “Oui. Qui est-ce?

[4] dieux du vodou.

[5] Selon les légendes haïtiennes, personnes prenant un aspect monstrueux à la tombée de la nuit pour dévorer les imprudents.

[6] Il s’agit ici de personne “morte” que les prêtres vodous ressuscitent pour les attacher à leurs services.

[7] Symbole que les prêtres vaudous (houngan) dessinent autour d’un potomitan (poteau-mitan, un pilier situé au centre du péristyle), lieu de passage des esprits (loa ou lwa), avec de la farine de maïs, de la farine de blé, du sirop de canne, de la cendre, de la craie ou toute autre poudre.

[8] Proverbes créoles traduit littéralement par: « Un chien se sentant menacé devient agressif! »

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