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Non, mon fils, tu ne seras pas un Sénateur !

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Tu n’es même pas encore né, et je m’inquiète déjà pour toi. Je me fais peut-être du mauvais sang pour rien, mais les choses sont en train de s’envenimer, mon garçon. C’est devenu plus difficile de vivre ici. C’est la galère. Une belle dérive en forme de spirale. C’est une nation qui continue à se perdre, fautes de directions. Je m’inquiète pour ta venue mon garçon. Est-ce égoïste de ma part si je refuse que tu viennes ici dans ce pays où tout part en vrille ?

Ma génération meurt lentement. Meurtris par des dirigeants corrompus qui refusent de lâcher prise, nos vies s’effritent doucement. C’est une vraie bataille que de lutter contre un système qui refuse de mourir. Ces hommes nous gangrènent l’existence, jusqu’à nous empêcher d’avoir des projets. Ma génération meurt avec élégance sous le poids des drogues et des fausses promesses. C’est un système qui ne compte pas mourir de sitôt, mon fils. Ce système sait parfaitement comment de reproduire, quitte à semer la discorde parmi nous et à nous offrir un sujet d’actualité afin de nous faire perdre notre temps toutes les semaines. Ces salauds finissent toujours par gagner !

Ma génération livre depuis tantôt un an une vraie bataille contre ces hommes et femmes qui se sont enrichis sur notre dos et qui s’y sont établis également. Je crois fermement dans cette lutte, mon fils. Les actes de corruption ne doivent nullement rester impunis. Nous avons laissé tant d’exactions sous silence qu’aujourd’hui, pour certains, il est un fait normal que de se faire entuber par des véreux hommes et femmes qui nous promettent la lune pour au final nous faire de précieux doigts d’honneur. Je crois en cette lutte mais il m’arrive de douter. Et si nous la perdions cette bataille ? Qu’adviendra-t-il des prochaines générations ?

Ces hommes et femmes représentent le mal dans toute sa plénitude. Ils se livrent une lutte sans merci pour s’accaparer le cœur d’un pays déjà mourant. Ma génération est prise entre deux Léviathans s’entretuant avec amour, frénésie et violente passion. Même les miettes ne tombent plus. Ils ont tout englouti. Ils ont hélas emporté nos rêves dans leurs précieuses luttes.

Ce n’est pas tout, mon fils. Ils ont aussi mis à nos trousses des jeunes hommes armés pour nous terrasser, nous terroriser et nous exterminer. Ces salauds nous enseignent la peur bien mieux que le civisme. Ma génération vit dans la peur et l’anxiété. C’est souvent frustrant que de savoir que la mort a pour soldat la pointe d’une arme placée dans les mains d’un garçon de quatorze ans.

Ce pays dans lequel tu verras probablement le jour est un pays mal coté. Tu grandiras avec le sentiment que tu es coincé, bloqué de tous parts. Mais je te promets mon fils que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te l’alléger. Il ne faut pas qu’en grandissant tu aies ces pourris pour modèle. Je veux une société assez bien pour toi, avec des valeurs morales positives, comme l’honnêteté et la probité. Il ne faut pas que tu idolâtres ces debachi de peur qu’un jour tu ne ressentes l’envie de les ressembler. Tu ne deviendras pas un sénateur mon fils, tu n’useras pas de ton influence pour manipuler hommes et femmes qui, ayant cru en toi, auront fait de toi leurs portes paroles. Cette société ne te mérite pas. Voilà pourquoi elle doit subir des changements avant que tu ne viennes au monde.

Je me fais peut-être du souci un peu trop tôt. Mais qu’est un bon père sinon que celui qui aplanit les sentiers pour sa progéniture ?

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Pradley V. Vixama

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