Lettre à mon petit frère qui va se faire dépuceler

Lettre à mon petit frère qui va se faire dépuceler

Petit,

Je vais m’incruster assez profondément dans ta vie et tes noirs secrets, petit. Mais je ne peux m’empêcher de me sentir concerné par les multiples transformations qui arrivent en ce moment dans ta vie. Pour être un jour passé par là, je connais tes doutes, je sais combien certaines fois manques-tu énormément de confiance en toi, combien certaines fois tu détestes la terre entière. L’adolescence n’a jamais été une période facile.

Tu te demandes comment j’ai fait pour savoir que demain tu vas avoir ta première relation sexuelle, pas vrai ? Je t’ai entendu fièrement raconter à ton pote qu’elle t’a donné rendez-vous chez elle, le surlendemain et qu’elle t’a promis qu’elle ne te ferait pas faux-bond cette fois.  Apparemment tu as déjà essayé de te faire dépuceler et ça n’a pas marché, tu m’en vois extrêmement désolé. Je sais ce que c’est que de bien se préparer pour une partie de jambes en l’air et de ne pas l’obtenir, pour un motif bien des fois bidon.

J’observe tous tes faits et gestes, frérot. Je connais ton cœur, je connais tes agissements et certaines fois, il m’arrive d’anticiper tes actions. Non pas que je t’espionne, j’ai beaucoup de respect pour la vie privée des gens, mais frérot, c’est comme ça, et je n’y peux rien. Je sais par exemple qu’à longueur de journée, dans ta chambre, tu mates des vidéos pornographiques, que tu mets de la musique évangélique le soir, pour que tu puisses en toute sérénité te masturber. Tu es bien vilain quand tu t’y mets petit frère. L’enfer, si réellement existait-il, t’accueillerait à bras ouverts.

 

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Revenons à ce qui nous préoccupe en ce moment, petit frère : cette étape de ta vie, les anthropologues l’appelleraient phase liminale. Tu t’apprêtes à faire le grand saut, le passage du gamin vers celui du vrai homme ! Je veux toutefois que tu saches que ce ne sont là guère mes opinions, je ne fais que répéter ce que nos ancêtres ont admis pour vrai. Mais vois-tu, tu peux facilement être déçu, il y a tellement de fausses pensées qui nous sont imposées autour des rapports sexuels.  

Le sexe, petit frère, ne fait pas de nous de vrais hommes. Ça n’a rien à voir, je veux que tu sois clair là-dessus. Le sexe n’a jamais rendu un homme meilleur qu’un autre. Ces mythes et mensonges sont les principales raisons pour lesquelles nous mentons, trichons et violons. Ce tableau de chasse que dès demain tu t’apprêtes à inaugurer te rendra bon ou mauvais, stupide ou sage, idiot ou spécial. Les femmes, petit frère, n’ont rien à voir avec des cibles. Le jour où tu comprendras ça, tu sauras que le sexe n’a jamais été une question de combat.

Tu n’as que 17 ans. En temps normal, je devrais te dire qu’il est trop tôt pour ça, que tu devrais attendre encore un peu. Attendre quoi ? Que tu finisses tes études, que tu sois plus mature, que tu comprennes les enjeux, que tu sois mieux éduqué sur le sujet. Mais bon, je sais que tu ne m’écouterais guère, tu as le feu aux fesses, dans ton caleçon, dans ta tête. Tu es en train de bruler de désir et je sais combien cela consume un garçon de ton âge. Je voudrais bien te dire qu’il serait préférable que tu annules, mais ma démarche serait si hypocrite : J’ai commencé bien plus tôt que toi.

Bonne chance pour cette aventure. Je sais que cette lettre te fera flipper, mais honnêtement, je m’en contrefous. Aussi égoïste que cela puisse paraitre, je l’ai fait pour moi, bien avant pour toi, c’est toujours une fierté de jouer le rôle de grand-frère. Réjouis-toi, quand j’étais à ton âge, je n’ai jamais eu de conseils. Papa, guidé par le Saint-Esprit et les préceptes bibliques, ne m’a inculqué que des admonestations et multiples menaces à ce sujet. Sacré papa, il a toujours été spécial dans son genre, celui-là. Je suis bien heureux de n’avoir jamais écouté ses sacrilèges !

Je te verrai la semaine prochaine, je pars travailler en province dès ce soir. À bientôt. Je t’aime mon ami.

PS : Achète-toi des préservatifs. Aussi maladroit que je te connais, tu pourrais engrosser cette fille dès ta première fois. Tu devrais voir ma face en écrivant ça, petit frère, je ris comme un gros idiot

PPS : Je n’arrive toujours pas à digérer l’association que tu fais entre musique évangélique et masturbation. Ce truc reste encore au travers de ma gorge. Je pense que finalement j’en toucherai mot à Maman ! T’inquiètes, je te fais marcher. Ou pas…

Pradley Vardly Vixama