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Le mari de ma sœur

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                    Tu sais Christelle, j’ai toujours rêvé d’avoir une sœur. Une sœur avec qui jouer, avec qui me bagarrer, avec qui partager mes petits secrets. Tu vois, ce genre de truc que les sœurs font entre elles quoi. Malheureusement, je n’ai jamais connu cela. Ma mère est morte suite à son accouchement et mon père s’est laissé emporter par la bouteille. Je l’ai toujours connu d’une seule façon, bourré. Et les rares fois que je l’ai vu sobre, il passait son temps à pleurer la mort de sa femme. Je peux ainsi m’estimer heureuse qu’il n’a jamais été violent avec moi. Peut-être si, une fois. Je n’étais qu’une enfant, j’avais 5 ans, la sœur de ma mère, tante Josiane, qui vivait avec nous, m’avait laissé seule avec lui pour se rendre au marché. Avant de partir, elle m’avait interdite de sortir de ma chambre. Ordre que je n’ai pas respecté bien sûr. Tu connais les enfants à cet âge-là Chris, toujours là pour aller à l’encontre des règles. C’est ainsi je suis sortie de ma chambre pour voir ce que tante Josiane me cachait. Alors oui. Si elle refusait que je sorte de la chambre, j’ai pensé au fait qu’elle me cachait un truc, des biscuits surement. Le premier endroit que je me suis donc rendue c’est la cuisine. Que fut ma tristesse quand j’aperçu qu’il n’y avait même pas une petite sucette. En retournant dans ma chambre triste de n’avoir rien trouvé, j’entendis des gémissements. Dans ma tête d’enfant, c’était des pleurs d’un enfant, à qui l’on refusait un jouet. J’ai donc cherché d’où venait ces bruits. Et ça m’a ramené tout droit au bureau de mon père. Quand j’ai ouvert la porte, je suis tombée sur un bel homme dont le visage est défiguré par la tristesse et la peine. Ça m’a rendue triste de le voir dans cet état, je me suis approchée de lui, et lui ai touché la main. Et c’est là qu’il m’a regardé droit dans les yeux. J’aurais presque juré que c’était pour la première fois qu’il me voyait réellement. C’est en grandissant que j’ai pu comprendre qu’il avait cru voir ma maman. Et ça, je ne l’avais pas compris, alors de ma petite voix de crécelle, j’ai dit; Papa pourquoi tu pleures. Et d’un coup, son regard se ferma, et cela, je ne l’avais pas compris non plus. VLAN!  Je n’ai pas vu le coup venir, mais je me suis vue atterrir contre le mur avec une horrible brulure sur ma joue droite et un mal à faire pleurer derrière la tête. Et mon père se mit à pleurer de plus belle, ceci, en se confondant en excuses et en me couvrant de petits bisous. Je voulais retourner dans ma chambre pour pleurer, mon père l’avait compris, il me remplit les poches avec des surettes, j’avais tout de suite su que c’était un moyen d’acheter mon pardon et ne rien dire à tante Josiane, mais, ce n’était pas nécessaire, puisqu’elle m’attendait derrière la porte du bureau. Cette nuit, les adultes l’ont passé à se disputer, et je me suis sentie coupable car je n’avais pas respecté les directives de ma tante. 

À l’adolescence, je n’étais pas une bonne enfant, je dois l’admettre. J’ai tout fait pour attirer le regard de mon père vers moi. De la petite fugue au vol à l’étalage. Et ceci, rien n’a changé. Il n’y a rien que je puisse faire qui pourrait attirer son regard vers moi. Alors, qui venait après moi à chaque fois. C’est bien tante Josiane, Christelle! Elle a toujours été là pour moi. Me ramasser à la petite cuillère à chaque peine de cœur, me conseiller. Elle s’est même chargée de mon éducation sexuelle. Je peux m’estimer heureuse sur ce point, car mes copains à l’école, leurs parents ne s’en chargeaient pas, alors ils se gavaient de films pornographiques, ce que je trouve très nuisible pour la santé d’un adolescent qui grandit, en tout cas, c’en est un autre débat. Et comment j’ai remercié cette femme qui a été une mère et père pour moi, ah… de la pire façon qu’il soit. C’était un jeudi soir, et mon coup de coeur du moment organisait une fête chez lui. C’était alors une très belle occasion pour lui montrer que je n’étais pas une enfant et que je pouvais très bien être une femme. C’était une occasion en or. Et pour sortir, il fallait fuguer. Après les cours, je me suis enfermée dans ma chambre pour me préparer. Il fallait que je me fasse belle. C’était une obligation. De ce fait, j’avais enfilé ma robe préférée. Elle était noire avec des paillettes, avait de fines bretelles et m’arrivait mi-cuisse. Elle mettait en valeur mes jambes interminables et mon postérieur. Je me sentais femme et sexy. Et pour compléter ma tenue, j’ai enfilé des escarpins rouges. Il n’y avait pas plus femme que moi en ce moment. Niveau maquillage, un peu de mascara et un rouge à lèvres suffisent. Avec ma bouche pulpeuse mise en valeur par ce dernier, c’est sûr que j’allais faire des ravages. Au moment où je m’apprêtais à sortir de ma chambre, tante Josiane fit son apparition d’un air mécontent. Elle s’était rendue à l’école pour une réunion, je sens qu’elle va m’empêcher de sortir après tout ce que les professeurs ont probablement du dire à mon sujet. J’avais déjà prévu de fuguer heureusement. Oui oui… je suis consciente que je n’étais pas l’élève que tout professeur aimerait avoir. Je m’ennuyais tellement en cours, fallait que je mette un peu d’action. Ma tante fit une inspection dans ma chambre et fixa son regard sur la chaise rempli de vêtements. J’ai tout de suite compris qu’elle cherchait un moyen d’aborder sur le sujet qui la fâche elle, et pas moi.

  • Une chaise est faite pour s’asseoir et non avoir des habits dessus jeune fille
  • Elle remplit ses fonctions tatie, les habits sont assis dessus
  • Ne joue pas à ce petit jeu avec moi. En parlant de jeu, j’ai appris aujourd’hui que tu joues très bien avec tes professeurs.
  • Et surtout ils sont de très mauvais perdants, répondis-je sur le ton de la plaisanterie
  • Cette situation ne peut pas continuer
  • D’accord. Maintenant je dois partir
  • Et où penses-tu partir? Et à cette heure en plus?
  • Bah… à une fête
  • Te laisser partir, ce serait manqué à mon devoir de parent
  • Ne t’inquiète pas, puisque tu n’es pas ma mère

Sur ce, je pris la fuite et parti pour cette fête. Tout au long de la route, je me sentie male de lui avoir balancer cette ordure. Alors que c’est elle qui m’a élevée. 

La maison de mon coup de coeur, Christian, était à quelques pas de la mienne. Extérieurement, nos maisons étaient identiques. Une petite barrière et une petite clôture qui donnait sur la maison. De la maison à la barrière, qui elle, était faite de bois, il y avait un assez grand espace, ce que j’ai toujours apprécié dans sa maison, c’est la petite galerie aménagée de façon provinciale. Maintenant, qui était bondée de gens. La fête battait à son plein. Il n’y avait déjà pas mal de personne. Et comment vais-je attirer son regard sur moi, s’il y a toutes ces filles plus belles l’une que les autres, vaut mieux partir me suis-je dit. C’est ce que je fis, je fis demi-tour.

  • Tu pars sans jeter un coup d’œil? Me héla une personne

Et quand je me retournai, c’était Christian! Je crois avoir crier dans ma tête comme une adolescente qui voyait son idole. Il me parlait enfin et me regardait en souriant! Je crois que ma tenue l’a bien révélé des choses.

  • Mais non, je comptais faire un tour de la propriété?
  • En te tournant vers la rue

Pourquoi me suis-je la ramener? 

  • Aller… viens, il y a une fête d’enfer qui t’attend à l’intérieur

Je l’espère donc!

Christian me fit visiter sa maison. Elle est assez grande et charmante. Tout le contraire de chez moi, qui était froid et impersonnel. Je crois avoir souri car il m’a demandé pourquoi je souriais.

  • Ta maison est charmante et chaleureuse, répondis-je
  • Tout comme la jeune femme qui se trouve en face de moi

Oh… le charmeur! C’est ce que tu es entrain de te dire n’est-ce pas? Et si! C’est un charmeur mon cher Christian. On s’est retiré un peu de la fête en passant par la cour arrière. La nuit était fraiche, si j’avais su que Monsieur allait me faire marcher dans la nuit, j’aurais opté pour autre chose, par pour cette robe à fine bretelle en tout cas. Le jardin est assez grand. Quand je te dis jardin, je ne te parle pas d’un gazon bien taillé et frais, mais d’un jardin ! Il y avait des légumineuses, de la patate, du maïs. Je n’ai jamais pensé que chez lui était ainsi. Et il y avait même une petite mare! À la vue de cette dernière, j’ai craqué. Je me suis mise à pleurer pour sans raison. Je n’ai même pas osé regarder Christian, il se demandait peut-être si je n’étais pas folle. Mais, non. Ce n’était pas le cas. Toute cette pression se relâchait enfin. Mais le plus stupide dans l’histoire, à la vue d’une mare. J’ai pleuré après avoir vu une mare! Qui l’aurait cru. Christian m’a prise dans ses bras. Et je continuais à pleurer de plus belle. Il me consolait en me caressant le dos. Sans qu’il m’ait demandé quoi que ce soit, je me suis mise à parler : de l’absence de ma mère causée par sa mort, le non-intérêt que mon père porté à mon égard, de ma tante merveilleuse que j’ai traité comme une moins que rien, de l’école qui me fait chier avec tous ces cours. Au fait que les enseignants n’arrivent pas à me comprendre, au fait que je n’arrive pas à me faire des amis. Et que je n’arrête pas avoir un tas de béguin et quand j’ose leur avouer cela, ils disent que je suis trop petite, je ne suis qu’une enfant. J’ai vidé mon sac, et même mon mascara sur sa belle chemise. Tout au long de mon discours, il n’a pipé aucun mot. Il ne m’a rien dit. Il m’a écouté. Il ne s’est pas rétracté quand je lui ai dit des horreurs à mon sujet. Après avoir tout dit, quand je l’ai regardé, je n’ai vu aucune trace de jugement, de moquerie ou de dégout. Son visage était impassible. J’ai soupiré. Soupiré qu’il n’y ait aucune trace de critique sur son visage. Il m’a dit qu’une seule chose, et dès lors, on est devenu meilleurs amis. J’ai été demoiselle d’honneur à son mariage et filleule de sa petite crevette. Je me perds un peu, là. Tu veux savoir ce qu’il m’a répondu Christelle. Je te le dis :

  • Si j’étais toi, j’allais tout de suite m’excuser.

C’est ce que j’ai vite fait après qu’il m’ait accompagné à la maison cinq minutes plus tard. Arrivée à la maison, que grande fut ma joie quand je la vis sur la galerie en écoutant ses vielles musiques rétro à m’attendre. J’accouru dans ses bras pour lui demander pardon et pleurai. Excuse qu’elle a tout de suite accepté. Encore sous ces larmes! Si je n’étais pas vierge, j’aurais vraiment cru que j’étais enceinte, pourquoi ai-je tant pleuré?

Mes études secondaires, je les ai terminées avec brio. Et j’ai eu mon baccalauréat en science de l’éducation. Arrête ton jugement à mon sujet tout de suite Christelle, bien sûr que j’ai détesté l’école et les cours qui viennent avec, et cela n’a pas changé je t’assure. Mais j’enseigne avec une méthode qui pousse mes élèves à aimer ce qu’ils apprennent et à les utiliser dans la vie courante. 

Sur ce, je te dis un au revoir. Et merci d’avoir pris le temps de m’écouter Christelle. Quoi? Le mari de ma sœur? Quel mari? Quelle sœur? Mais rien de ce genre, n’a jamais existé. Je t’ai donné cela comme titre parce que je sais que cela allait peut-être bien capter ton attention et me recevoir pour parler. N’ai-je pas raison? Bien sûr que si! Ah… pourquoi suis-je venue te raconter cela et ne suis pas allée vers un psy puisque j’avais tant envie de parler de ma vie? Tout simplement parce que sais que je vais bouleverser le monde et on voudra connaitre mon histoire. Qui est la mieux placé pour la connaitre? Une journaliste bien sûr! Je t’ai alors raconté une partie, plus tard, mes actions te raconteront la suite. Mon nom? Mais non ma chère… j’aimerais encore garder le mystère.

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Rachel Lucas

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