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Et si on jouait

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       Le soleil brillait de mille feux à cette heure de la journée, surtout à cette période de l’année où il faisait extrêmement chaud, profiter pleinement de la vie m’était quasi impossible. Du fait de cette épouvantable situation, à midi, tous les jours, depuis le début de l’été, je me retrouvais au bar de Tucson pour savourer mon pain quotidien. En sirotant mon jus ce jour-là, je la vis arriver en ma direction. Elle avait cette démarche parfaite qui ne me laissait guère indifférent, pourtant je m’étais renseigné un peu plus tôt, elle n’était pas mannequ

De plus de ses 1m70, elle avait tout pour être un mannequin professionnel. Merveilleusement belle avec une bouche pulpeuse et des yeux hors du commun, elle avait des cheveux permanentés qui lui tombaient sur le dos et lui faisaient ressembler à une déesse. Je rêvais déjà de la photographier mais la voir de si prêt me donna envie de la photographier mi-nue. Avec un si beau corps, à coup sûr ses nues seraient parfaites, pensai-je.

-Un jus d’orange s’il vous plait. Dit-elle en direction de la serveuse.

-Très bon choix, avec cette chaleur épouvantable, un jus d’orange est un choix judicieux

Sans crier gare, elle me lança : « Nouvelle technique de drague ? »

-Non, je…

-Je suppose que c’est la première fois qu’on ne tombe pas dans votre piège.

-Ah ! Enfin je tombe sur une fille qui se fait tellement draguer qu’elle pense que tout tourne autour d’elle.

-Intéressant, vous me connaissez mieux que moi même apparemment.

-Parce que les hommes ne traînent pas à vos pieds?

« Voici votre commande Madame. » Nous interrompit la serveuse. Elle la remercia gentiment, avala une gorgée de son jus, me fixa puis me demanda « Vous voulez vraiment que je vous réponde ? »

Au fond de moi, je ne voulais pas savoir mais je ne contrôlais pas notre partie d’échec. Elle paraissait trop sure d’elle, elle ressemblait à une sorcière sortie tout droit des ténèbres. Son calme m’insupportait et son sourire malicieux m’oppressait. Alors que j’allais ouvrir la bouche pour lui répondre qu’elle me sourit, humecta ses lèvres et me sortit: « Veuillez-vous détendre, je n’allais pas vous demander de me faire la cour. » Je ne savais pas comment elle avait pu savoir que je n’étais pas à mon aise. Mais, elle l’utilisa sans gêne pour me berner. Dans l’intérêt de l’intimider, je lui demandai : « Vous pensez que ça me gênerait ? » Mais, au lieu de cela, elle éclata de rire, me fixa et me lança avant de retourner à son jus : « Vous auriez pu trouver mieux, au temps vous dire que ça ne gênerait aucun homme au contraire ils draguent tout ce qui bouge et sautent sur toutes les chattes qui s’offrent à eux. »  Sa réponse me fit rire, elle était maline mais un homme reste un homme alors pour lui montrer qu’elle avait tout faux, je répliquai: « Désolée Mademoiselle mais je n’avais pas l’intention de vous sauter bien que vous ayez un corps sublime et êtes diablement belle. Ceci dit, je me demande comment une femme aussi belle que vous peut se suffire à une baise. Bref je n’ai nullement le droit de vous juger, laissez-moi me présenter, je suis Christopher Velancourt, je suis photographe, je voulais seulement vous proposer de poser pour moi. »

La honte se lisait sur son visage mais j’étais trop fier pour me sentir coupable. Enfin, je lui avais cloué le bec. Elle était tellement frustrée que ça sautait aux yeux. Probablement, on ne lui avait jamais tenu tête. Mais, avec un corps pareil, qui ne succomberait pas à sa merci. J’avais peut-être l’intention de la prendre en photo mais si elle avait posé les yeux sur mon entre jambe, elle aurait su que ma queue désirait à tout prix visiter son vagin.

*

Il se trouvait dans ce bar depuis une dizaine de minutes, je contemplais cette aisance masculine qui le rendait différent des garçons que je croisais sur mon chemin. Il est un bel apollon, bien bâti, physiquement je l’ai trouvé tout simplement parfait. « Décidément, aujourd’hui serait le grand jour. » M’avais-je dit à ce moment-là. Il me plaisait, et je voyais l’occasion rêvée pour l’approcher.

C’était la première fois que j’allais faire face à Christopher, on était à la même fac mais il ne m’avait jamais calculé. D’ailleurs, il était le seul qui me faisait me sentir invisible. Je ne suis pas une fille timide au contraire je dansais et jouais du théâtre dès mon très jeune âge, mais le voir juste en face me faisait perdre mes moyens. J’avais déjà perdu mon sang-froid mais à la vue de la façon dont il me contemplait, certainement je lui avais mis plein la vue.

 

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J’étais une séductrice née, je savais où et quand ouvrir mes ailes. Que Christopher succombe à mon charme n’avait rien d’étonnant. Il paraissait tellement intimidé quand il m’avait adressé la parole que je pensais déjà l’avoir dans les poches. Je jouais bien mes cartes, tout marchait comme sur des roulettes jusqu’à ce qu’il m’avoue qu’il ne désirait que me photographier. Je m’attendais à tout mais pas à cela. Le seul homme qui me fit cet effet ne me voyait pas comme femme, en revanche il n’évaluait rien qu’un nouveau corps à explorer.

Après maintes réflexions, une idée me vint à l’esprit et c’était la seule carte qui me restait. « J’en prendrais soin. » Me disais-je intérieurement.

-Alors comme ça, vous me voulez comme modèle ! Lui avais-je demandé.

-Oui, c’est exact. Vous êtes une très belle femme, vous avez un beau corps, vous serez un modèle parfait.

-Et j’aurai quoi en échange ?

-A vous entendre, vous désirez surement quelque chose en particulier ?

-Rien que vous ne puissiez me donner. Laissez-moi vous proposer un marché de préférence.

-Je suis toute ouïe.

-C’est simple, vous devez déjà vous rendre compte que je ne suis pas une sainte nitouche et aussi, vous devez aussi remarquer que ces genres d’affront ne me laissent pas indifférentes. Sur ce, si vous arrivez à vous montrer moins impertinent pendant les jours à venir, je vous accorderai ce que vous voulez, en échange j’aurai de très belles photos dans mes archives.

« Ça me convient. » m’avait-il dit avec un sourire au coin. Je connaissais ce sourire, c’était d’ailleurs son sourire qui m’avait séduit, je sentais que j’allais fondre sous ses yeux mais il fallait que je me retienne et ceci par tous les moyens. Pour détendre l’atmosphère tendue dans laquelle je me trouvais, je lui lançai : « Autre chose bel étalon, je ne travaille pas avec les inconnus, alors débrouillez-vous pour qu’on fasse amplement connaissance. »

-Alors Mademoiselle me trouve beau. Intéressant.

-Stéphanie…

Ce jour-là, on avait passé l’après-midi à essayer de nous trouver. Disons que j’avais passé la majeure partie du temps à jouer la séductrice parfaite. C’était mon objectif après tout, je devais à tout prix le séduire, c’était ma seule chance pour conquérir son cœur. « Je ne veux que lui, et je ferai tout pour l’avoir. » …

Quelques jours plus tard, notre relation était déjà très détendue, Christopher était le mec le plus gentil de la planète. Il était attentionné, affectueux et surtout il paraissait s’intéresser à mon bien-être et j’aimais ça. Les choses allèrent tellement vite que je me sentais à mon aise pour lui parler de ma vie, ma véritable. Certaines fois, on prenait notre déjeuner ensemble à la cafeteria. A mes yeux, il était devenu un très bon ami. Mais, tant bien que mal, il me plaisait davantage.

Les jours passèrent, et Christopher était devenu omniprésent. À certain moment, j’oubliais même qu’on avait un marché. Mais, tous les jours, devant mon miroir, je me trouvais une excuse pour tout arrêter. A chaque fois, il y avait ce poids que j’avais dans la gorge qui me poussait à continuer. Je savais qu’après les séances de photographies, il reprendrait son chemin et je n’arrivais pas à me faire à l’idée qu’il me laisserait tôt ou tard.

Puis arriva ce jour, où en sortant de la fac, il me siffla : « Je crois avoir été assez sage pour avoir mes photographies Mademoiselle. »  Je me souviens lui avoir souri après lui avoir murmuré un « bien sûr ». Je ne pouvais rien lui reprocher, c’était normal qu’il réclame son dû. Après tout, c’était mon idée, c’était mon jeu et aussi mon cœur qui souffrait le martyr.

Les heures, les minutes passèrent au ralenti à partir de ce jour. Je le fuyais pour maintes raisons. Néanmoins la nature me le renvoyait à chaque instant. Loin de lui, je m’efforçais à accepter ma défaite. Christopher n’était pas mon ami comme je le pensais, c’était assez clair pour moi, il n’était qu’un partenaire de jeu. Foncièrement, je savais qu’il était plus que ça, je m’étais énamourée de Christopher sans m’en rendre compte. Je savais que je n’avais guère le choix que d’accepter mon chagrin d’amour. Mais, je n’avais pas le courage de le regarder dans les yeux. De plus, le fuir ne me servait à rien, à part me remémorer nos beaux moments passés.

Un après-midi, en sortant de ma chambre, je le trouvai dans mon salon, une rose barrant presque ses yeux. A ma vue, il me lança un sourire timide puis me tendit la fleur et me dit : « Je suis désolé de m’être introduit chez toi sans permission mais Steph je ne comprends pas. » Il m’avait ouvert les bras pour que je m’y blottisse. Dans ses bras, ce jour-là, je me rendis compte à quel point il me manquait. Il me serra tellement fort que je refusais de croire que c’était que pour le pari.

-Ne t’inquiète pas pour moi Chris, je vais bien.

« Ne me mens pas s’il te plait. » M’avait-il supplié.

-Ce n’est rien, c’est juste que j’arrive toujours pas à accepter la mort de Papa. Je vais bien, je comptais même retourner à la fac demain. Lui avais-je dit pour le rassurer. Encore une fois, il avait recommencé, il m’avait pris la main, la serra et me dit : « Nous sommes amis Steph, tu peux partager ton chagrin avec moi. » Inconsciemment, je m’étais jetée dans ses bras, mais je me retenais de lui crier : « L’avais-tu jamais été ? » Sa phrase me revenait en tête, ses maudites photographies. Pensais-je. « Comment quelqu’un pouvait-il jouer avec les sentiments de quelqu’un de la sorte ? » Ne cessais-je de me questionner.

J’avais envie de quitter ses bras, mais je me sentais faible, impuissante, désespérée. J’avais essayé de lui faire comprendre qu’il pouvait me laisser grâce à un sourire mais son regard chagriné me fit éclater en sanglots. Il me consolait pour mon père décédé depuis deux ans mais ne savait pas que je pleurais à cause de lui. Il était un si bon acteur, il disait être mon ami mais une fois que j’irais mieux, il me rappellerait qu’il a été assez sage pour avoir son dû. « C’en était trop, pensais-je, il aura ses photos, je ne me ferai pas plus souffrir. »

On avait passé l’après-midi ensemble, je m’étais résignée à donner le meilleur de moi-même pour que l’instant reste gravé dans ma mémoire. Je savais qu’au fond ce serait notre dernière fois. Il me racontait des histoires assez plaisantes pour me faire rire. C’était plus fort que moi, j’étais attristée mais je riais.  Sans le vouloir, j’étais joyeuse, il mettait sa musique, dansait, chantait. Il n’y avait plus de pleurs, il n’y avait que lui qui essayait de me faire oublier mon chagrin et moi qui profitais de l’instant.

Le lendemain, on avait décidé qu’il passerait me prendre pour qu’on se rende en cours ensemble. Moi, je savais qu’il n’y aurait pas de nous. C’était le moment idéal pour arrêter ce jeu.

« Tu n’es pas encore habillée ? » M’avait-il lancé après lui avoir ouvert la porte.

-Je n’irai pas en cours.

-Pourquoi Steph ? M’avait-il demandé en s’approchant, j’avais reculé puisque je ne voulais plus avoir affaire avec lui.

-Stéphanie !

-Christopher, je suis prête pour les séances de photographies. Tu n’as pas à faire semblant d’être gentil, tu pourras partir, tu…

-Pardon !

-Je ne t’en veux pas, je sais ce que tu veux, je sais pourquoi nous sommes ainsi, pour ces photographies, on a décidé de jouer et….

« Stéphanie, m’interrompit-il, c’était ton jeu.»

-Je sais Christopher mais on n’a plus à faire semblant, on peut…

« Faire semblant ? » Répéta-t-il avant de me retenir fermement de ses mains.  « Regarde-moi. » Je ne savais quoi lui dire, c’était la première fois que j’avais vu cette froideur dans son regard. Il était exaspéré et ne semblait pas me comprendre.

-Christopher, s’il te plait.

« Qu’est-ce qui a changé Stéphanie ? » M’avait-il demandé tout en me fixant comme s’il cherchait la réponse dans mes yeux.

« Je me suis lassée de tout cela. » Lui avais-je répondu tout en lui foudroyant du regard. « C’était moi qui souffrais, Christopher ne me fera plus souffrir,.» me répétais-je au fond de moi. Il avait éclaté de rire mais me retenait encore prisonnière de ses mains. Mes bras me faisaient mal mais Christopher me faisait une peur bleue qui m’empêchait de lui demander de me relâcher.

« Dis de préférence que tu n’as pas trouvé le moyen de me ramener dans ton lit. » Me jeta-t-il à la figure avant de me relâcher.

-Christopher !

« Tais-toi. Ce n’était que ça. » Je me retrouvais dans l’incompréhension à cause de ses rires insensés. Il riait encore et encore puis après quelques minutes, se stoppa net et ajouta : « j’aurais dû accepter que les femmes comme toi ne changent pas Stéphanie. Hum Faire semblant ? … Tu t’es lassée de moi… Juste pour que je te saute ? Mais, Steph… »

-Christopher, ce n’est pas cela.

« Mais, tais-toi bon sang. » Criait-il de plus en plus fort. « Je me disais que si tu apprenais à me connaitre, tu ne verrais pas que ma virilité. Je me disais que tu pourrais me voir en tant qu’homme à l’avenir. Dire que je pensais que c’était le cas, mais jusqu’à aujourd’hui Stéphanie… Jusqu’à aujourd’hui. »

Je n’avais pas de réponse à lui donner, d’ailleurs je ne comprenais pas sa réaction.

Cependant, après des minutes, il n’y avait plus de cris, ni de rires absurdes, sa voix n’était que murmure, ses yeux étaient remplis de larmes, il refusait même mon regard. Et c’était qu’à cet instant précis que j’ai su qu’il ne jouait pas. C’était donc moi qui avais fait de lui mon jouet. Je lui avais fait du mal avec mes mots, je m’en voulais mais je ne savais pas comment lui faire comprendre que je ne voulais que protéger mon cœur.

« Chris, je suis désolée. » Avais-je réussi à lui dire. Il m’avait regardé dans les yeux à ce moment-là. Il ne retenait pas ses larmes, pourtant on m’avait appris que les hommes ne pleuraient pas. Il m’avait laissé l’approcher, lui toucher le visage mais à peine que j’allais lui dire ce que je ressentais qu’il me demanda : « Ne dis rien. »

« Chris… » Lui avais-je murmuré, mais il n’avait pas réagi au contraire il avait continué à me dévisager sans-gêne.

 Puis en une fraction de seconde, il se détacha de moi, tourna les talons et me lança juste avant de quitter ma porte : « Contrairement à ce que tu penses Stéphanie, certains hommes ont du cœur, moi j’en ai mais je regrette sincèrement d’être tombé amoureux d’une fille qui ne souhaitait que m’avoir dans son lit. »

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2 commentaires
  1. Mahma dit

    Je m’imaginais pas la fin ainsi?
    Mes félicitations!!!

  2. Fedline Saint-Jean dit

    ?
    Merci à vous!

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