Cette larve qu’est sa rage bout à l’intérieur de ses veines
Toute espérance vaine
Elle attend que la fossoyeuse vienne
Mais Madame la faucheuse fait des siennes.
Alors elle décide elle-même d’aller la trouver
Elle la fuit sans raison
Mais elle ne veut pas rentrer à la maison
De rire, ce n’est plus la saison
À sa porte elle vient toquer.
Elle l’ignore
Mais elle n’a plus le cœur à vivre
De rancune et de colère elle est ivre
Et si la vie ne la veut pas et que la mort ne veut pas qu’elle monte à bord
Qu’est-elle censée faire?
Ni rien ni personne ne peut lui plaire.
Sa lame, sa meilleure amie
Elle comprend ses larmes et l’épargne les ennuis
Elle lit dans son âme et donne un sens à sa vie
Elle lui tient la main, elle lui taille la veine et s’en fout des avis
Elle la libère, elle la console, elle lui dit vrai
Parmi eux, elle est l’ivraie
Et quand elle transperce sa fine vie
Elle la vide de son âme
Rien qu’en traversant une veine elle la soulage
Elle croit finalement que le bonheur est rouge car à chaque fois, dedans elle nage
Elle lui parle à demi-mot
Elle apaise ses maux
Elle croit qu’elle est l’âme sœur
Chère lame sœur
Elle ne lui dira jamais assez merci
Elle lui permet de ne pas écouter les « et si »
Elles se fichent des « on dit »
Ainsi va la vie
Tout comme elle, elle est têtue
Face à son obsession sa raison s’est tue
Ainsi va le cheminement de sa mort
Tout droit vers le bienheureux port
Elle n’attend que ça
Elle s’y attelle à chaque faux pas
Chaque petite fente par endroit
Bien précis, le bonheur coule hors de son âme
Quand sa vie est à l’envers
La lame se perd sens dessus dessous sous sa couette
À la vie, elle fait un majestueux doigt
Son cœur se crame
Le noir, le rouge, le vert
De sa vie, sont les couleurs nettes.
Pour elle, ni rien ni personne n’est jamais trop important
Elle peut tout effacer et recommencer à zéro en un laps de temps
Sans rien comprendre, ils se prennent des vents
Quand elle choisit de prendre les gants
Le ménage est vite fait
Elle ne déclare jamais forfait
Son cœur, son âme et son corps sont en pleine dispute
Depuis que les gens prient pour rester en vie
Elle prie pour qu’elle s’endorme à vie
Traitresse immonde
Pute vagabonde
Elle la fait languir
Elle ne s’est jamais donnée pour but de la chérir
Sa vie est une mort organisée
Elle est d’humeur sépulcrale
Après tout le monde, elle râle
Sans raison valable elle sent sa force la quitter
Serais-tu proche chère Madame faucheuse?
De tous les gens que tu as fauché sans raison fallait la compter
Peut-être qu’elle aurait dû réserver
Ou préserver
En ne prenant jamais naissance
Elle n’aurait jamais connu la médisance
Ni la méfiance
À force d’être ironisée
Elle s’est immunisée
Que dis-je? Robotisée!
Elle s’inspire une grande répugnance
Elle est la sœur de la souffrance
Et elle ne lui en veut guère
Depuis longtemps elle a abandonné la guerre
Elle l’a vaincue
Elle a la tête dans le cul
Elle a les pensées en vrac
Tout part en vrille
Elle se sent partir
Partir loin et ne plus revenir
Elle est sur la grille
Et elle n’a pas le trac
Enfin elle voit la mort lui tendre la main
Elle est de la même couleur que le vin
Elle est ravissante
Elle est très aimante
Elle lui sourit, reconnaissante
Enfin elle la sort de cette routine éreintante
Elle a peut-être la méthode convaincante
Elle se sent mille
Ces flashbacks la torturent.
Elle se rappelle de sa mutilation. Ce jour où lentement elle se vidait de son sang. Ce jour où elle croyait avoir tourné le dos à la vie mais que cette pute lui ait encore joué une sordide farce.
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